La Vème République : un régime hyper-présidentiel 

Quelle arrivée et quels résultats pour la Vème République ? En 1958, la France, sous la présidence de René Coty, devient affaiblie. Le régime de la IVème République devient bloqué. Le président de la République fait appel à de Gaulle. Le Général accepte de revenir, mais pose une condition : celle de mettre fin à la IVème République. De Gaulle consacre ainsi son souhait d’instaurer un nouveau régime, qui est encore aujourd’hui celui qui régit la France : la Vème République.

Quelles institutions sous la Vème République ?

La guerre d’Algérie : un contexte sensible ?

Depuis quatre ans, une guerre oppose les autorités françaises au FLN, un mouvement indépendantiste algérien. Le 13 mai 1958, à Alger, une manifestation en hommage à trois Français fusillés par le FLN dégénère en émeute. L’investiture de Pierre Pflimlin au poste de président du Conseil suscite l’inquiétude des partisans de l’Algérie française. Il court, qu’il a l’intention de négocier l’indépendance de l’Algérie, ce qui déplait à une grande partie des Français.

La tension s’intensifie. Des dissidents forment un Comité de salut public. Le 15 mai, le chef du Comité n’a d’autre choix que de faire appel à l’homme providentiel : le général de Gaulle. Le général s’était absenté de la scène politique depuis 12 ans en désaccord total avec les institutions de la IVème République. Face à l’appel, il rompt le silence et se déclare prêt à « assumer les pouvoirs de la République ».

En conséquence, le gouvernement de Pflimlin se voit contraint de démissionner. Le 26 mai 1958, les généraux envahissent la Corse. Par peur d’un coup d’État militaire à Paris, le président René Coty, qui redoute la guerre civile, demande à de Gaulle de former un nouveau gouvernement.

Le retour du Général de Gaulle et le début de la Vème République

Une arrivée mitigée ante Vème République

Cependant, le retour du général est accueilli avec des sentiments contrastés. Pour ses partisans, il est le sauveur de la France. Pour l’opposition, son retour s’apparente plutôt à un coup d’État. Plus de 200 000 manifestants descendent dans les rues de Paris pour protester contre son retour.

Le 1er juin 1958, l’Assemblée nationale investit le général De Gaulle à 329 voix contre 224. Il devient ainsi le dernier président du Conseil de la IVème République. Le lendemain les députés lui octroient les pleins pouvoirs comme il l’avait demandé pour rédiger une nouvelle constitution.  Ce nouveau texte devra être approuvé par référendum. De Gaulle entame une vaste campagne pour convaincre les Français de lui faire confiance. 

Du 1er au 3 juin 1958, de Gaulle fait voter 3 textes par le Parlement :

  • Une résolution des assemblées renonçant à siéger jusqu’à la fin de la session parlementaire ;
  • les pleins pouvoirs au général de Gaulle tant que les assemblées ne siègent pas ;
  • la loi du 3 juin 1958 portant dérogation transitoire aux dispositions de l’article 90 de la Constitution.

Il propose également un référendum. Le 28 septembre 1958, après des mois de campagnes électorales, les Français se rendent dans les bureaux de vote, en métropole et dans les colonies françaises. Ils doivent adopter ou rejeter la nouvelle Constitution proposée par le général de Gaulle.

 Près de 80% des suffrages exprimés plébiscitent la Vème République. Ces résultats témoignent d’un ras-le-bol général avec un régime qui s’essouffle et une guerre qui s’enlise en Algérie. La France passe alors d’un régime parlementaire à un régime présidentiel.  Charles De Gaulle devient le premier président après les élections au suffrage universel indirect en décembre. 

Le fonctionnement de la Vème République 

En 1958, la Constitution innove surtout dans les relations entre les organes.  Contrairement à la IVème République, marquée par la faiblesse du pouvoir exécutif, de Gaulle souhaite instaurer un régime présidentiel fort.

Le président de la République devient la clé de voûte du système. Il dispose de pouvoirs étendus. En effet, il nomme le Premier ministre, peut dissoudre l’Assemblée nationale et a la possibilité de consulter le peuple directement par référendum. En cas de crise grave, il dispose de pouvoirs exceptionnels (article. 16) en décrétant l’état d’urgence. Cette concentration des pouvoirs vise à assurer la stabilité politique et à permettre au président de mener à bien sa politique.

Le gouvernement de la Vème République est composé de ministres et de secrétaires d’État. Ils ont la charge d’un domaine spécifique. Il est dirigé par un Premier ministre qui est chargé de conduire la politique de la nation et de diriger l’administration. Le gouvernement est nommé directement par le président de la République. Son investiture ne dépend plus de l’Assemblée nationale, ce qui renforce sa position par rapport au pouvoir législatif.

La Révision de la constitution de 1962 

Un suffrage universel direct au sein de la Vème République ?

En septembre 1962, le général de Gaulle engage alors une procédure de révision de la Constitution. Il souhaite instituer l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. Cependant, le chef de l’État ne peut procéder à cette révision conformément aux dispositions de l’article 89, qui rend nécessaire l’accord des deux chambres sur le projet de loi constitutionnelle

Par conséquent, le 12 septembre 1962, il décide de recourir au référendum prévu par l’article 11. La décision du général de Gaulle provoque de vives protestations dans le monde politique. Elle revient à imposer une lecture présidentialiste des institutions, sans que les assemblées ne puissent se prononcer sur cette modification. Ainsi, une motion de censure est adoptée le 5 octobre 1962 par 280 voix (la majorité requise était de 241 voix). Le Premier ministre, George Pompidou, remet la démission du Gouvernement. Charles de Gaulle réplique et dissout L’Assemblée nationale, le 9 octobre 1962.

Les élections législatives ont été organisées après le référendum, le 28 octobre 1962. Alors que tous les partis politiques, tous les journaux, la plupart des intellectuels appellent à voter non, le oui l’emporte. C’est cependant la victoire la plus serrée de de Gaulle : 62% de oui. Ce résultat doit être nuancé du fait de l’abstention relativement importante. De Gaulle hésite à se retirer.

L’importance des pouvoirs qui lui sont confiés depuis 1958 est désormais légitimée par l’assise populaire en 1962 avec l’élection du président au suffrage universel direct. La prééminence présidentielle est ainsi nettement établie. À l’inverse, le régime d’assemblée, tel qu’il était pratiqué depuis 1870, prend fin.

Les élection législatives de la Vème République

Les élections législatives des 18 et des 25 novembre 1962 consacrent la victoire à la formation gaulliste.

Elle rassemble au second tour plus de 40% des suffrages et obtient avec ses alliés la majorité absolue des sièges (268 sur 479), du fait du scrutin majoritaire à deux tours en vigueur depuis 1958. 

La 1ère élection au suffrage universel direct

En 1965, Charles de Gaulle remporte les premières élections présidentielles au suffrage universel direct. Mais elle marque les premiers signes d’érosion de la popularité du chef de l’État. Il a recueilli 55,2% des suffrages au second tour.

Les élections législatives du printemps 1967 sont marquées par un certain succès des candidats gaullistes au premier tour et une très courte victoire au second tour. La majorité parlementaire tient à quelques sièges.

A l’international : la Vème République et la politique étrangère

Durant ses deux mandats (1958-1969), le général de Gaulle cherche à renforcer la position de la France sur l’échiquier international. Dans le contexte de la Guerre Froide, il a notamment doté la France de l’arme nucléaire.

Il a également refusé la logique des blocs et mis en avant une politique d’indépendance, où la France était l’acteur intermédiaire des deux superpuissances. Il a ainsi mené une diplomatie active, en nouant des relations avec l’Est et l’Ouest.

Sur le plan colonial, il a mis en œuvre une politique de décolonisation qui prendra fin avec les accords d’Évian en 1962

La crise de 68

La fin des années de Gaulle est marquée par la crise de mai 68. En mai 1968, les étudiants lancent un élan de protestation. Ils dénoncent un système éducatif qui peine à se réformer et dont les conditions d’études se sont détériorées. L’essor de mouvement politique d’extrême gauche a porté les idées de progrès, d’évolution des mœurs et la quête de nouvelles libertés. Dirigés par de jeunes anarchistes, maoïstes ou trotskistes, ces mouvements condamnaient la société de consommation des trente glorieuses et la rigidité morale de la société française.

Le 22 mars 1968, une centaine d’étudiants ont pris d’assaut la faculté de Nanterre, galvanisée par Daniel Cohn-Bendit (« Danny le rouge »). Le 2 mai, ils réitèrent l’occupation de Nanterre. Les affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants sont marqués par une violence inouïe. La mobilisation estudiantine se développe. Les syndicats décident de rejoindre le mouvement de protestation suivis par le monde ouvrier qui se mobilise par des grèves et des occupations d’usines

De Gaulle se maintient au pouvoir malgré les évènements de mai 1968.

Le 25 mai, George Pompidou négocie avec les syndicats pour mettre fin à cette agitation sociale. Les accords de Grenelle sont signés le 27 mai mais rejetés par la rue. 

Le 30 mai, de Gaulle annonce la dissolution de l’Assemblée. Progressivement les grèves cessent. Aux élections des 23 et 30 juin, le parti gaulliste, rebaptisé UDR (Union pour la Défense de la République) emporte une large majorité. C’est un échec pour la gauche.

La fin de l’ère gaullienne sous la Vème République

Au printemps de 1969, de Gaulle soumet un projet régionaliste et un projet de réforme du Sénat (visant à supprimer le rôle du Sénat et en faire une chambre de réflexion). En réalité, il souhaite se débarrasser du Sénat qui depuis 1968 se heurte à l’action présidentielle. Dix-huit articles de la Constitution sont touchés par le projet de loi. La crise de mai 68 a largement ébranlé la légitimité de de Gaulle. Il espère en donnant ce référendum restaurer son lien avec le peuple. Mais c’est un échec. Le référendum du 27 avril 1969, est rejeté par une majorité de 53% de votes négatifs. La victoire du « non » est une défaite pour le général de Gaulle qui, se retire définitivement du pouvoir, dès le 28 avril.

Après la démission du Président, conformément à l’article 7 de la Constitution, le Président du Sénat, Alain Poher, devient Président de la République par intérim. Des élections présidentielles sont organisées le 15 juin 1969 à l’issue duquel Georges Pompidou est élu avec 57% des suffrages. 

On observe un changement dans le rapport entre le gouvernement et le Parlement. Toutefois, Pompidou conserve la pratique gaullienne à travers le rapport entre le Président de la République et le 1er ministre. Le premier ministre joue le rôle de bouclier du président de la République. 

Le mandat de Georges Pompidou s’achève prématurément avec son décès, le 2 avril 1974.

Le type de régime instauré sous la V République

Le régime issu de la révision constitutionnelle de 1962 conceptualise une voie intermédiaire entre régime présidentiel et régime parlementaire : le régime semi-présidentiel.

Celui-ci se caractérise par :

  • Un chef de gouvernement responsable devant le Parlement ;
  • le pouvoir de dissolution du Parlement par le chef de l’État,
  • un chef d’État élu au suffrage universel direct et détenant des pouvoirs propres.

Par ailleurs, la France est le seul régime semi-présidentiel d’Europe de l’Ouest ayant un système présidentialiste.

Le mandat de Giscard d’Estaing 

Les élections présidentielles se déroulent les 5 et 19 mai 1974. Au second tour, Valéry Giscard d’Estaing est élu avec 50,8 % des suffrages, contre le candidat unique de la gauche, François Mitterrand. Jacques Chirac est nommé Premier ministre et le reste deux ans. Cette première période se voit marquée par les réformes de société voulues par le Président (abaissement de l’âge de la majorité civile et électorale à 18 ans, libéralisation de l’interruption volontaire de grossesse par la loi du 17 janvier 1975, loi sur le divorce en juin 1975).  Sur le plan économique, le Gouvernement se confronte aux graves conséquences du premier choc pétrolier. C’est le début de la crise économique. 

Les relations entre le Président de la République et le Premier ministre se dégradent. Le 25 août 1976, le Premier ministre Jacques Chirac démissionne. L’économiste Raymond Barre,  lui succède. 

Les deux mandats de François Mitterrand 

Le 10 mai 1981, François Mitterrand remporte les élections, devant Valéry Giscard d’Estaing, avec 51,75% des suffrages.

Au lendemain de son investiture, le socialiste François Mitterrand dissout, le 22 mai 1981, l’Assemblée nationale élue en mars 1978. Ici, la droite disposait de la majorité absolue. La gauche remporte nettement les élections législatives de juin 1981. Le Premier ministre constitue un deuxième gouvernement comprenant quatre ministres communistes

De nombreuses réformes sont engagées. On compte des nationalisations, la cinquième semaine de congés payés, la semaine de 39 heures, la retraite à 60 ans, l’abolition de la peine de mort, la décentralisation.

Cependant, la situation économique se détériore. Rapidement, les mesures se heurtent à des difficultés économiques et au coût de cette politique. Les prix et salaires sont bloqués en juin 1982. Mais cette politique d’austérité est à la fois inefficace et impopulaire. Le peuple la vit comme une trahison des promesses présidentielles par les électeurs de gauche. La gauche se voit sanctionnée aux scrutins suivants par un recul des voix au Parlement.

Pour lutter contre l’érosion de popularité, François Mitterrand décide de nommer Premier ministre Laurent Fabius. Il incarne l’aile droite du parti. Le nouveau gouvernement, qui ne compte plus de ministres communistes, met en œuvre une politique de modernisation économique et d’inspiration plus libérale. Malgré ses réussites économiques, Laurent Fabius ne parvient pas à enrayer la progression du chômage. Il se trouve confronté aux mouvements indépendantistes en Nouvelle-Calédonie

Élections au scrutin proportionnel 

Pour la première fois depuis 1958, on élit l’Assemblée nationale en 1986 au scrutin de liste proportionnel. A cet effet, le nombre de députés passe de 491 à 577. Les partis de la droite et du centre remportent de justesse la majorité absolue des sièges, avec 286 députés élus. L’extrême droite fait son entrée au Parlement avec 33 députés.

Pour la première fois sous la Ve République, le Président de la République et le Premier ministre appartiennent à deux familles politiques opposées : c’est la cohabitation. Devenu Premier ministre, Chirac s’empressera de faire repasser le scrutin majoritaire, aidé de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote. 

La première cohabitation : 1986-1988

Jacques Chirac devient Premier ministre. C’est la première fois dans les institutions de la Vème République que le président (alors de gauche) appartient à une tendance politique différente de celle de l’assemblée (de droite en 1986). Si la gestion du pays revient au Premier ministre et à son gouvernement, le président conserve ses « domaines réservés » (en politique étrangère surtout).

La cohabitation a été très conflictuelle entre Mitterrand et Chirac. Mitterrand souhaitait s’imposer comme un chef de gouvernement actif, en dépit de son statut de président cohabitant. Son ambition de briguer un second mandat en 1988 se heurte à l’aspiration de Chirac à conquérir l’Élysée pour la première fois. Cette rivalité politique a rendu la cohabitation particulièrement conflictuelle.

Les élections présidentielles de 1988

Les relations entre le Président de la République et le Premier ministre se tendent, d’autant qu’ils sont tous deux candidats à l’élection présidentielle de 1988. Au second tour, François Mitterrand remporte l’élection présidentielle de 1988, devant Jacques Chirac. Il gagne avec 54% des suffrages (8 mai 1988). Par la suite, il nomme Michel Rocard au poste de 1er ministre. Il dissout le 14 mai l’Assemblée élue en mars 1986, où la droite détenait la majorité absolue. Les élections du 5 et 12 juin qui suivent donnent une majorité relative aux socialistes (275 sièges). 

Le Premier ministre constitue un gouvernement « d’ouverture » qui compte, à côté des personnalités issues du parti socialiste, un nombre important de ministre venus, soit du centre droit, soit de la « société civile 

Le 15 mai 1991, François Mitterrand renvoie Michel Rocard et décide de le remplacer par une femme, Edith Cresson. Cette nomination se heurte à l’hostilité des hommes politiques et des médias. Aux élections régionales de mars 1992, le résultat du parti socialiste est désastreux. Pierre Bérégovoy remplace Edith Cresson.

La seconde cohabitation : 1993-1995

Aux élections législatives de 1993, la droite remporte une victoire écrasante. La gauche est balayée (les socialistes conservent 68 sièges). Les candidats RPR-UDF et divers droite totalisent plus de 45% des voix au premier tour. La nouvelle majorité peut compter sur 484 élus (sur un total de 577).

François Mitterrand semble contraint de nommer à la tête du gouvernement un membre de l’opposition. Il désigne Édouard Balladur comme chef du gouvernement. La France entre dans sa deuxième expérience de cohabitation. Comme sous la première cohabitation, François Mitterrand ne se prive pas de se démarquer de l’action du Premier ministre quand il estime que les acquis sociaux sont menacés. Toutefois, les deux têtes de l’exécution s’entendait assez bien dans la mesure où Mitterrand n’avait aucune volonté de se représenter

À partir de l’été 1994, quand il apparaît que Jacques Chirac et Édouard Balladur s’opposent à l’élection présidentielle du printemps 1995, cette cohabitation n’en deviendra que plus conflictuelle.

Les deux mandats de Jacques Chirac 1995-2007

Le 7 mai 1995, Jacques Chirac est élu Président de la République par 52,6 % des suffrages exprimés, au terme d’un second tour qui l’a opposé à M. Lionel Jospin, désigné comme candidat du Parti socialiste. Le nouveau Président, qui a mené campagne sur le thème de la réduction de la « fracture sociale », choisit de ne pas dissoudre l’Assemblée nationale et de nommer Alain Juppé comme Premier ministre.

Au printemps 1997, Chirac décide de dissoudre l’Assemblée nationale pour reprendre l’initiative politique. Les élections législatives des 25 mai et 1er juin 1997 sont remportées par la « gauche plurielle » dirigée par Lionel Jospin. Une troisième cohabitation commence.

La révision constitutionnelle de 2000

En 2000, la durée du mandat du Président de la République est modifiée par référendum, passant de sept à cinq ans (quinquennat). Cette révision intervient durant une période de cohabitation entre le président de droite, Jacques Chirac, et le Premier ministre de gauche, Lionel Jospin. L’objectif de cette réforme est de stabiliser la vie politique française en réduisant les risques de cohabitation.

En 2000 la durée du mandat du Président de la République est modifiée par référendum dans le cadre de la procédure de révision de la Constitution. Le quinquennat remplace le septennat en vigueur depuis 1873.

Cette révision intervient durant une période de cohabitation entre le président de droite, Jacques Chirac, et le Premier ministre de gauche, Lionel Jospin. L’objectif de cette réforme était de mettre en place un renouvellement plus fréquent du mandat présidentiel afin de diminuer les risques de cohabitation pour stabiliser la vie politique.

Le second mandat de Chirac sous la Vème République

La cohabitation se termine après la réélection de Jacques Chirac le 5 mai 2002, avec plus de 82% des voix face à Jean-Marie Le Pen. Jean-Pierre Raffarin est nommé Premier ministre. Les élections législatives des 9 et 16 juin 2002 voient l’Union pour la Majorité Présidentielle obtenir 365 sièges sur 577. Une loi organique de 2001 avait modifié la date des législatives pour qu’elles ne précèdent pas de peu la présidentielle. En organisant les élections législatives après la présidentielle, la réforme de 2001 visait à ce que la dynamique de l’élection présidentielle influence la composition de l’Assemblée nationale. Le président nouvellement élu est plus susceptible de bénéficier d’une majorité parlementaire alignée sur son programme.

A l’international, son mandat sera marqué par son opposition à la guerre en Irak voulue par George W. Bush et ses alliés en réponse aux attentats du 11 septembre 2001 .

Le mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012) 

Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu président de la République avec 53,06 % des voix contre sa rivale du parti socialiste, Ségolène Royal. Il nomme François Fillon Premier ministre. Aux élections législatives des 10 et 17 juin 2007, l’UMP obtient la majorité absolue avec 320 élus, malgré un taux d’abstention de 40 % au second tour. Le parti socialiste progresse et compte 186 membres.

La révision constitutionnelle de 2008

La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 est l’une des plus importantes de l’histoire de la Ve République. Elle a modifié une trentaine d’articles et en a introduit neuf nouveaux. Elle visait à renforcer les pouvoirs du Parlement, encadrer certains pouvoirs du président de la République, et accorder de nouveaux droits aux citoyens. Cette loi a été adoptée par le Congrès le 21 juillet 2008 puis promulguée deux jours plus tard.

Le renforcement des pouvoirs du Parlement 

Les pouvoirs du Parlement avaient été limités par la Constitution de 1958 pour mieux renforcer les capacités d’action du gouvernement.  La révision constitutionnelle de 2008 a introduit un rééquilibrage des pouvoirs en faveur du Parlement en modifiant les règles de ce parlementarisme rationalisé.

  • Le renforcement des pouvoirs du Parlement se traduit par un partage de l’ordre du jour entre l’exécutif et le législatif. Avant 2008, c’était le gouvernement qui fixait la liste et l’ordre dans lequel il souhaitait que chaque assemblée examine les projets et propositions de loi. Désormais, le gouvernement est maître de l’ordre du jour 15 jours par mois, la majorité parlementaire 14 jours et l’opposition un jour.
  • Un rôle plus important des commissions parlementaires : Avant cette réforme, chaque assemblée (Assemblée nationale et Sénat) avait six commissions permanentes spécialisées dans des domaines comme les affaires économiques ou l’éducation. La réforme a augmenté ce nombre à huit.

La limitation de l’article 49-3 :

L’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution permet l’adoption d’un projet de loi sans vote, si aucune motion de censure est votée. Depuis 2008, son utilisation est limitée aux projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale.

Le Premier ministre peut recourir à cette procédure pour un autre texte, mais seulement une fois par session parlementaire. Avant cette révision, le gouvernement pouvait utiliser l’article 49-3 aussi souvent qu’il voulait.

Le référendum d’initiative partagée

L’article 11 est introduit par la réforme de 2008. Il permet aux citoyens de demander un référendum. 

Cela devient intéressant pour la population : en effet, cette dernière semble de plus en plus impliquée dans la vie politique.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été marqué par :

  • Le retour de la France dans l’OTAN : En 2009, la France réintègre le commandement militaire de l’OTAN, après l’avoir quitté en 1966 sous la présidence de Charles de Gaulle. 
  • La crise financière de 2008
  • Le traité de Lisbonne signé en 2007 et entré en vigueur en 2009. Nicolas Sarkozy a été un fervent partisan du traité, qu’il a présenté comme une avancée nécessaire après l’échec du référendum sur la Constitution européenne en 2005.
  • La réforme des retraites en 2010, qui a relevé l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. 

Nicolas Sarkozy a poursuivi une pratique présidentialiste voire hyper-présidentialiste . Il était omniprésent non seulement sur le plan médiatique mais aussi sur le plan de la pratique de la fonction politique

Le mandat de François Hollande (2012-2017) 

François Hollande est le septième Président de la République, élu le 6 mai 2012 au second tour avec s 51,64 % des voix devant Nicolas Sarkozy. Il nomme Jean-Marc Ayrault Premier ministre.

Les élections législatives qui ont lieu les 10 et 17 juin 2012 donnent une majorité à la gauche.  Cependant, le parti socialiste connaît une lourde défaite lors des élections municipales au printemps de 2014. Dès le lendemain, Manuel Valls remplace Jean-Marc Ayrault à Matignon.

Le mandat de François Hollande reste marqué par des attentats . Quatre lois sécuritaires ont été adoptées et l’état d’urgence proclamé, bien que la tentative de déchéance de nationalité ait été un fiasco. Le 7 janvier 2015, dix-sept personnes ont été tuées dans les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Le 13 novembre 2015, 130 personnes ont perdu la vie lors d’attentats au Bataclan. Ce soir-là, le président a proclamé l’état d’urgence et la « fermeture des frontières ». 

Les dates phares de son mandat ont été : 

  • Le 11 janvier 2013, avec le début de l’intervention française au Mali contre les groupes islamistes armés occupant le nord du pays. Cette intervention, initialement couronnée de succès avec l’opération Serval, se voit transformée en un échec avec l’opération Barkhane, menant finalement au départ des troupes françaises ;
  • le 23 avril 2013, François Hollande adopte la loi autorisant le mariage et l’adoption pour les couples du même sexe ;
  • le 30 août 2016, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron démissionne et lance son propre mouvement politique.

Les mandats Macron sous la Vème République

En 2017, Emmanuel Macron se voit élu président de la République avec 66,10% des suffrages exprimés face à Marine Le Pen.  Emmanuel Macron obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale lors des législatives. Cette domination est cependant marquée par une abstention historiquement élevée qui atteint près de 57 %. 

Il débute son mandat avec le mouvement des gilets jaunes. Plus de 283 000 personnes manifestent contre la hausse des prix des carburants. Rapidement, cette contestation se cristallise autour du pouvoir d’achat et d’un mal-être social.  Il doit ensuite s’atteler à la gestion du Covid-19, puis la résolution de la guerre russo-ukrainienne

Le président sortant est réélu lors de l’élection présidentielle 2022 avec 58,54 % des voix. Cependant il est plombé par l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ensemble ! n’atteint qu’une majorité relative avec 246 sièges.

Les cohabitations

Face à une majorité parlementaire opposée, le président de la République conserve certains pouvoirs.  L’article 5 de la Constitution, qui lui assure par son arbitrage le fonctionnement des pouvoirs publics et la continuité de l’État. Pour accomplir cette mission, il dispose notamment des pouvoirs propres, qu’il peut exercer sans contreseing.

Parmi ces pouvoirs, le président peut dissoudre l’Assemblée nationale, organiser un référendum d’initiative présidentielle et recourir à l’article 16, qui lui permet de déclarer un régime d’exception en cas de crise.

Néanmoins, son rôle principal est avant tout celui d’un arbitre agissant en cas  de crise grave. En période normale, il n’a pas besoin de ces pouvoirs exceptionnels. Il exerce plutôt une influence sur le Premier ministre. Ce dernier, bien que connaissant la politique, reste en pratique sous la tutelle du président de la République.

En conclusion…

La Vème République est née pour mettre fin aux problèmes engendrés par la IIIe et IVème République, c’est-à-dire une instabilité gouvernementale entraînant une succession de gouvernements. Pour cela, de Gaulle a mis en place une rationalisation du régime parlementaire et a instauré l’hyper présidentialisation du régime. Ici, le chef de l’État a un rôle prééminent. De plus, le président est doté de pouvoirs propres. Ils restent dispensés de contreseing. En 1962, le président est élu au suffrage universel direct. On assiste depuis 1958 à l’hyper présidentialisme à travers de Gaulle dans un premier temps, puis la démission de Chirac considérant qu’il n’a pas assez de pouvoir en tant que Premier ministre, puis avec Sarkozy qui se revendique comme tel et aujourd’hui le président Macron qualifié de président jupitérien.

Finalement, on constate un certain déséquilibre des pouvoirs. Cette fois-ci, elle est au profit de l’exécutif au détriment du Parlement. Le recul parlementaire s’est révélé bien plus conséquent en matière d’élaboration de la loi et ce, malgré les dernières innovations juridiques dues à la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. En effet, l’exécutif dispose de nombreux outils pour orienter et contrôler le travail parlementaire, ce qui limite la capacité des députés et sénateurs d’amender ou de rejeter les projets de loi.

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