La Géopolitique de la Méditerranée reste au coeur des experts des relations internationales. Voici une approche transverse de la méditerranée avec Lou Chrétien et Jérôme Puppat.
Caractéristiques de la zone de la Méditerranée
Mediterraneum ou Internum Mare signifie la mer entre les terres, la mer intérieure. Elle est le centre de l’ancien continent avec son extension, que ce soit avec l’empire grec ou romain. La Méditerranée est divisée en plusieurs bassins principaux : la Méditerranée occidentale, le bassin provençal, la Méditerranée orientale et la mer grecque. La présence des mers limitrophes comme la mer Tyrrhénienne, la mer Adriatique, la mer d’Égée, la mer Noire ou encore la mer d’Azov, renforce cette importance stratégique.
Par ailleurs, la Méditerranée se referme de 2,3 cm/ an à Gibraltar et se fermera dans 600 000 ans. La mer Méditerranée est évolutive, elle a vocation à redevenir une mer fermée. Ces changements géologiques vont créer des problématiques diplomatiques.
Géopolitique de la Méditerranée : un espace homogène ou tout sauf uniforme ?
Par certains aspects, la mer Méditerranée peut constituer un ensemble homogène. Toutefois, on constate que c’est un espace tout sauf uniforme.
Concernant les mouvements maritimes, la moitié du trafic qui passe par Gibraltar s’arrête en Méditerranée, il est essentiellement dense sur les zones qui ont terminés leurs transitions démographiques c’est-à-dire le Nord de la Méditerranée. Dès lors, la richesse au sein de la Méditerranée ne se fait qu’au Nord de celle-ci. La Méditerranée regroupe 20% du commerce maritime mondial.
La méditerranée n’a pas de profondeur stratégique. Le fait que cette mer soit une petite mer fermée impose la réduction stratégique. Mais cette mer regorge de stratégies pour les États.
Les puissances exogènes
La mer méditerranée est en proie à des puissances exogènes. L’Union Européenne est historiquement la puissance en méditerranée, notamment avec les trois sœurs latines : l’Espagne, la France et l’Italie. La puissance européenne est toujours importante actuellement. Elle est aussi conciliée à la présence états-unienne. Les États-Unis s’imposent en arbitres de cette mer. En effet, le pays est en relation avec Israël par exemple et lui a offert une aide militaire de plus de 3 milliards de dollars.
Peu à peu, la Chine a compris cet enjeu géostratégique en Méditerranée pour les nouvelles routes de la soie. La marine chinoise a plus de bateaux que l’armée états-unienne mais les États-Unis ont des plus « gros » bateaux. Pourtant d’ici 2025 le tonnage chinois sera supérieur au tonnage américain, cela aspire à un bouleversement géopolitique complet en méditerranée. Enfin, bien qu’elle n’ait pas de réel accès aux mers chaudes, la Russie est bien ancrée en méditerranée.
Le déclin européen
Malgré sa place historique, l’UE est en déclin en Méditerranée à cause du couvercle américain de l’OTAN et de la sixième flotte américaine. Cette diminution est due à la divergence entre l’UE de la Méditerranée et l’UE de l’Europe centrale. Ces différences sont aggravées par la crise ukrainienne. En effet l’absence d’ambition commune et le primat des politiques bilatérales accentuent ce déclin. La France reste le seul pays de l’UE à conserver une influence en Méditerranée, hors des trois grands.
La méditerranée comme lieu d’affrontements
Évoquer la Méditerranée, c’est également évoquer le pot noir stratégique. La Méditerranée est un lieu de trafics d’humains, de drogue, d’armement, en convergence des routes d’Asie Centrale, d’Afrique et d’Amérique Latine sous les yeux d’une UE impuissante. A contrario, les États du Sud, les cinq pays d’Afrique du Nord notamment, font face aux fragilités internes : les migrations via le Maroc, l’incertitude politique de l’Algérie, la déstabilisation terroriste du sud tunisien et du chaos libyen, et le feu couvant des Frères musulmans en Égypte.
Cette mer est également en proie au déstabilisation littoral, étant une des premières routes énergétiques du monde et reposant sur un fond sous-marin tapissé de câbles et de tuyaux.
Ainsi, la Méditerranée est une zone en déséquilibre endémique (économique, diplomatique, militaire, environnemental). Elle ne trouve plus de grande puissance dominante en son sein, mais plutôt des puissances actives à tendance relative relatives (les trois grands ont des intérêts forts mais sont éloignés de leurs bases). Un affrontement majeur reste peu probable car la zone est trop imbriquée : tous ont plus à y perdre qu’à y gagner.
Géopolitique de la Méditerranée : analyse d’un expert
On retrouve aujourd’hui Jérome Pupat, docteur en sciences politique, qui va répondre à nos questions sur la Méditerranée et les stratégies qu’elle induit. Retrouvez la suite de notre podcast sur la géopolitique de la Méditerranée sur Soundcloud.
Pour aller plus loin : Après une guerre civile, le pardon peut-il être un accomplissement du pouvoir politique, Jérôme Pupat.
Lou Chretien, rédactrice en géopolitique