Le monde arabo-musulman

Le monde arabo-musulman est une région géographique définie par les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Cet espace géopolitique est une zone qui regroupe des enjeux régionaux et internationaux. Pour en comprendre les enjeux géostratégiques, il faut comprendre la complexité de cette région.

Le monde arabo-musulman : une région multilatérale

Avant de comprendre l’hétérogénéité des espaces de la région sur différents plans, une description brève des pays est nécessaire. 

Les pays de l’ANMO (Afrique du Nord et Moyen-Orient)

Les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO) n’ont pas la même superficie ou le même régime. En voici la liste avec leur capitale, la population indicative et le régime politique du pays. Ces données permettent ainsi de comprendre la taille et le poids d’un pays par rapport à un autre, et la situation politique. 

MAROCRabat37 millionsMonarchie constitutionnelle
ALGERIE Alger43 millionsRépublique unitaire semi-présidentielle
TUNISIETunis11.5 millionsRépublique présidentielle et bicamérale
LIBYE Tripoli7 millionsRépublique parlementaire en transition
EGYPTELe Caire100 millionsRépublique
SOUDANKhartoum43 millionsRépublique sous dictature militaire
DJIBOUTIDjibouti970 000République
ISRAELJerusalem9 millionsRépublique parlementaire
JORDANNIEAmmarit10 millionsMonarchie constitutionnelle
LIBANBeirout7 millionsRépublique sous dictature militaire
SYRIEDamascus17 millionsRépublique unitaire semi-présidentielle · Dictature totalitaire
IRAKBaghdad39 millionsRépublique fédérale parlementaire
IRANTéhéran83 millionsRépublique islamique à régime présidentiel
ARABIE SAOUDITERiyadh34 millionsMonarchie absolue dynastique
QATARDoha2.8 millionsMonarchie absolue
E.A.UAbu Dhabi9.7 millionsMonarchie constitutionnelle · État fédéral composé de sept émirats
YEMENSana29 millionsRépublique
OMANMuscat5 millionsMonarchie absolue
KOWEIT4.2 millionsMonarchie constitutionnelle héréditaire et unitaire à régime parlementaire
TURQUIEAnkara84 millionsRépublique multipartite à régime présidentiel

Un espace géographique hétérogène : plan culturel, religieux, politique, économique et géopolitique

Les pays de l’ANMO sont donc différents. Mais il faut voir cette région, décomposée en Etats, comme un grand espace géographique hétérogène pour en comprendre la complexité. Cette dernière est ambiguë sur plusieurs points. D’abord sur le plan culturel, cet espace réunit 3 civilisations différentes. En effet les arabes, les perses, les turcs, mais aussi le peuple Kurde (qui n’a pas d’Etat) cohabitent ensemble.

La diversité des civilisations induit une complexité sur le plan religieux. Tous ces peuples n’ont pas les mêmes croyances. L’Islam est la première religion auquel on fait souvent référence. Mais au sein même des musulmans, certains respectent un islam chiite et d’autre sunnite. Au-delà de l’Islam, on retrouve aussi des Chrétiens de confessions différents et du judaïsme. 

Selon les régimes des Etats (voir le tableau), cette région est donc hétérogène sur le plan politique. Certains Etats sont dits laïcs comme l’Egypte et la Turquie. A contrario, l’Arabie Saoudite et l’Iran sont des théocraties religieuses. NB : le terme de théocratie est un mot-clé important. Sur le plan économique, les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole dit OPEP (Arabie Saoudite, Iran, Irak et pays du Golfe) s’opposent aux pays comme la Syrie, la Turquie ou l’Égypte, moins bien dotés en hydrocarbures. De plus, les différences d’IDH sont flagrantes. L’Arabie Saoudite, le Liban, la Turquie et la Jordanie ont un IDH élevé alors que la Palestine, la Syrie, l’Irak ou le Yémen sont relativement pauvres. 

Un monde arabo-musulman sous tensions

Du fait que la région soit un espace stratégique avec les hydrocarbures (gaz et pétrole), les barrages majeurs et les passages maritimes très fréquentés comme le Détroit d’Ormuz, le Canal de Suez et le Détroit de Bab-el-Mandeb, c’est une zone de tension. En effet d’abord avec le mouvement islamiste radical de Daech en Syrie qui a plongé le pays dans une guerre civile depuis plus de dix ans. Cette guerre créée des flux de réfugiés vers les pays voisins et vers l’Europe. Des bases militaires américaines et britanniques sont également présentes en Jordanie, en Arabie Saoudite, en Iran et à Oman. La région a ainsi connu de nombreuses interventions internationales pour la résolution des conflits notamment en Afghanistan avec les Talibans, en Irak ou encore en Libye. 

Les enjeux régionaux sur les ressources : conflits relatifs aux ressources pétrolières et en eau 

Les ressources pétrolières étant importantes dans la région, certains conflits émergent pour cette raison. Certains pays comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak et les pays du Golfe font du pétrole un pilier de leur économie. D’autres comme la Syrie ou la Turquie possèdent moins de ressources. Le Moyen-Orient représente en effet 2/3 des réserves pétrolières et 40% des réserves gazières mondiales.

Mais il existe des conflits relatifs à la ressource en eau. En effet, concernant le partage des eaux du Jourdain, Israël cherche à contrôler la ressource au détriment de la Jordanie, de la Syrie et du Liban. La Syrie réclame l’eau du Golan en vertu de sa souveraineté sur le territoire. La question du partage des eaux du Nil et le conflit sur les eaux du Tigre et de l’Euphrate entre Turquie et Irak (voir l’opposition au projet turc de Green Anatolian Project) sont encore majeurs pour les Etats de la région. Aucun pays n’est souverain sur ses ressources en eau !

Les conflits frontaliers Arabie saoudite/Qatar, Maroc/Algérie

Le Maroc et l’Algérie, qui font partie de ce monde arabo-musulman, ont depuis plusieurs décennies des relations diplomatiques délicates. En effet, l’enjeu du Sahara occidental est au cœur de ce conflit frontalier. Le Maroc revendique ce territoire et le contrôle à 80%. L’administration de Trump l’a soutenu en échange d’une régularisation de ses relations avec Israël. Au même titre, l’Algérie estime légitime que ce territoire lui appartienne. 

Davantage au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite a décidé en 2017 de fermer la frontière terrestre, maritime et aérienne avec le Qatar suite à un litige. Par la même occasion les Emirats arabes unis et Bahreïn ont fait de même. Le géant saoudien accuse en effet les qataris de soutenir le terrorisme. Ces rivalités politiques commencent finalement à se détendre et les deux pays à renouer des liens. 

Sur le plan géopolitique de la région, les pays sont soutenus par des puissances différentes. La région est donc du point de vue des relations internationales un reflet des alliances et des intérêts de chacun. Le Moyen-Orient devient un espace de plus en plus essentiel pour le monde. Bien que l’hétérogénéité de la région la rende complexe, cet espace est au cœur de multiples enjeux internationaux. Ainsi, tout le devenir de la région et des relations internationales est-il largement déterminé par l’évolution du conflit israélo-arabe.

Bibliographie sur le monde arabo-musulman :

Lou Chretien, rédactrice géopolitique