La question de grammaire au baccalauréat peut porter sur phrase interrogative dans toutes ses nuances. En effet, il peut s’agir d’une interrogation directe, indirecte, partielle ou totale, rhétorique, etc. Il est donc bon, lors de l’analyse d’un texte littéraire, de savoir faire la différence entre chaque type de phrase interrogative pour mieux mener son investigation sur les intentions de l’auteur.
Commencer par une analyse syntaxique de la phrase interrogative
La phrase interrogative doit être soumise à une analyse syntaxique avant tout autre chose. On s’intéresse alors à la forme de la phrase ainsi que la façon dont elle est construite. Cela permet notamment de distinguer les phrases interrogatives directes des phrases interrogatives indirectes.
Le cas de la phrase interrogative directe
Le cas le plus commun consiste à écrire une phrase interrogative directe. Dans ce cas, elle comporte un point d’interrogation à la fin de la phrase, ainsi qu’une inversion sujet-verbe. La phrase interrogative directe peut être renforcée par l’expression « est-ce que » qui se situe alors en début de phrase. Sinon, commencer une phrase interrogative directe par « est-ce que » ne nécessite plus l’inversion du sujet et du verbe.
Il convient ensuite d’analyser l’inversion entre le sujet et le verbe. La phrase comporte soit une post-position simple, soit une inversion complexe. Dans le cas d’une inversion simple, la phrase comporte une version sujet-verbe avec un pronom personnel pour sujet. Si la post-position est complexe, cela signifie que le sujet est un groupe nominal, un pronom qui n’est pas personnel ou un déterminant. Le traitement de cette phrase interrogative directe nécessite alors l’ajout d’un pronom supplémentaire personnel qui vient encadrer le verbe.
Exemples :
- Viendras-tu venir me voir pendant les vacances ? (inversion simple)
- Cet élève n’a-t-il pas oublié sa trousse ? (inversion complexe avec un groupe nominal en tête de phrase, soutenu par un pronom personnel post-posé au verbe).
- Est-ce que vous pensez avoir compris la leçon ? (introduction par la locution « est-ce que »)
La phrase interrogative indirecte
La phrase interrogative indirecte ne nécessite pas d’inversion entre le sujet et le verbe et se termine par un point. L’interrogation constitue d’ailleurs qu’une partie de la phrase puisqu’elle dépend d’une proposition principale.
Elle se compose de cette façon :
- Une proposition principale qui comporte un verbe de questionnement ou qui marque un manque de connaissance. La proposition principale peut commencer par : je me demande, je réfléchissais à, je me questionne sur, je ne sais pas si, j’ignore si, etc.
- Une proposition subordonnée interrogative indirecte (proposition complétive) qui dépend de l’action principale introduite par une conjonction de subordination (« si ») ou un mot interrogatif.
Exemples :
- Je me demande si je parviendrai à atteindre le sommet de la montagne.
- Je ne sais quelle méthode lui enseigner pour qu’il comprenne la leçon
Ce qu’il faut retenir :
Phrase interrogative directe | Phrase interrogative indirecte |
Point d’interrogation à la fin de la phrase. Inversion sujet-verbe (simple ou complexe). | La phrase se termine par un point. Il n’y a pas d’inversion du sujet avec le verbe. La proposition subordonnée interrogative dépend d’une proposition principale. |
Passer à l’analyse du sens de la question
Après avoir défini la syntaxe de la question, c’est le sens de celle-ci et ce qu’elle induit qui doit être passé au crible. En effet, la phrase interrogative peut être totale, partielle ou rhétorique. Cela signifie que toutes les interrogations ne mènent pas au même genre de réponse.
Analyser la question totale et la question partielle.
La question totale, que la phrase interrogative soit directe ou indirecte, implique une réponse par oui ou par non. Il n’existe aucune autre alternative.
La question partielle, quant à elle, porte sur un élément précis. La réponse par l’affirmative ou la négative n’est alors pas envisageable. La question est alors introduite par un mot interrogatif tel qu’un pronom qui prend alors une fonction, un adverbe, un déterminant ou le mot que.
Quels sont ces mots interrogatifs introduisant une question partielle ?
- Les adverbes : où, quand, que, comment, pourquoi, combien, etc. qui ne prennent pas de fonction.
- Les déterminants : quel, quelle, quels, quelles qui s’accordent en genre et en nombre avec le nom déterminé.
- Le mot « que » peut être adverbe ou pronom interrogatif. S’il s’agit d’un adverbe, il porte sur la cause de l’action. Alors, il peut être remplacé par « pourquoi » comme dans la phrase « Que me viendrait-il à l’idée de prendre le thé chez vous ? ». Au contraire, « que » pourra être remplacé par « quoi » s’il s’agit d’un pronom interrogatif. Il porte alors sur l’objet de l’action. Exemple : « Que fais-tu ? » se transforme en « Tu fais quoi ? »
Le cas d’une interrogation partielle introduite par un pronom nécessite un traitement un peu plus long. En effet, le pronom interrogatif prend une fonction dans la phrase qu’il convient de savoir analyser pour la question de grammaire posée pendant le baccalauréat. Les pronoms qui, que quoi, lequel, ce qui, etc. peuvent alors prendre la fonction de sujet, de COD, de COI, d’attribut ou de complément prépositionnel. Pour aller plus loin, n’hésitez pas à relever s’il fait référence à un sujet animé ou inanimé.
Quelques exemples :
- Qui est venu te voir aujourd’hui ? (pronom interrogatif « qui » ayant pour fonction d’être sujet)
- Que veux-tu prendre pour le goûter ? (pronom interrogatif « que » ayant pour fonction d’être COD)
- À qui prêtes-tu ce document ? (pronom interrogatif « qui » ayant pour fonction d’être COI)
- Qu’es-tu devenu ? (pronom interrogatif « que » ayant pour fonction d’être attribut)
- À quoi est-ce que tu penses ? (pronom interrogatif « quoi » ayant pour fonction d’être complément prépositionnel, car il est introduit par une préposition + d’un pronom).
La question rhétorique n’attend pas de réponse
Il existe encore une sorte de question ne nécessitant pas de réponse de la part d’une tierce personne. Souvent, le discours continue sans s’arrêter sur l’interrogation ou bien la réponse est évidente. Parfois, la réponse à la question est même donnée après avoir été posée. Elle introduit alors le discours.
La première chose à analyser est la forme qu’elle prend. En effet, la question rhétorique marque une véritable question ou exprime plutôt un sentiment. On constate alors plusieurs types de questions rhétoriques. Le premier cas est celui d’une question trop vaste (« Où va le monde ? ») pour attendre une réponse. Sinon, on pense à la question posée à soi-même (« ai-je bien fermé la porte ») qui ne nécessite donc pas l’intervention d’autrui. La question peut appeler une réponse orientée et semble n’avoir alors qu’une réponse possible : « Ne devrions-nous pas tous manger chaque jour à notre faim ? ».
La question rhétorique dégage également différents sens qu’il convient de comprendre. Il peut s’agir d’un ordre (valeur injonctive, « Voulez-vous bien vous taire ? »), d’une affirmation déguisée/d’une déclaration (valeur assertive, « N’y a-t-il pas une odeur de brûlé ? ») ou d’une hypothèse par exemple : « Voulez-vous réussir cet examen ? » (interrogation stricte).
Les différents sens de la phrase interrogative en quelques mots :
Phrase interrogative totale | Phrase interrogative partielle | Question rhétorique |
Réponse par oui ou par non. | Réponse nécessite des éléments précis. Introduction par un adverbe, un déterminant ou un pronom. | Ne nécessite pas de réponse. Peut donner un ordre, une affirmation ou une hypothèse. |
Qu’elles sont les attentes pour la question de grammaire ?
Lors de l’épreuve orale de français, la question de grammaire nécessite de mettre toutes les connaissances ci-dessus en application. L’examinateur peut aussi bien demander de transformer une phrase interrogative directe en une phrase interrogative indirecte que demander l’analyse d’une question posée dans l’extrait étudié pour l’oral.
L’étudiant précise s’il s’agit d’une phrase simple (interrogation directe) ou complexe (interrogative indirecte). Il présente alors la forme d’interrogation qui se présente à lui en donnant toutes les caractéristiques qui lui sont propres. Pour cela, il faut : identifier le mot interrogatif s’il y en a un, en faire son analyse puis passer au sens de l’interrogation. L’élève présente alors la question comme étant totale (fermée), partielle (ouverte) ou rhétorique, ainsi que les valeurs prises par la question.
Premier exemple d’analyse de phrase interrogative (directe)
Voici enfin un exemple d’analyse avec une phrase interrogative tirée du théâtre de Molière (Les fourberies de Scapin) : « Tu viens, Silvestre, d’apprendre au port que mon père revient ? ». Comment analyser cette phrase ?
Nous sommes ici en présence d’une phrase interrogative directe puisqu’elle se termine par un point d’interrogation. La post-position complexe du sujet va en ce sens. En effet, le verbe est entouré d’un pronom personnel « tu » et d’un nom propre « Silvestre ». La question est totale puisqu’elle est fermée, ce qui signifie qu’elle attend une réponse par « oui » ou « non ». La scène semble enfin montrer qu’il s’agit d’une question rhétorique puisque le locuteur a déjà entendu la réponse. Il souhaite simplement faire répéter son interlocuteur. Alors, cette question rhétorique relève de la déclaration et prend une valeur assertive.
Second exemple d’analyse de phrase interrogative indirecte
Comment peut-on analyser la phrase suivante, tirée de La princesse de Clèves de Madame de Lafayette : « Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler à personne et leur demandèrent s’ils n’avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient et s’ils ne s’en doutaient point. » ?
Premièrement, nous constatons que nous sommes face à une phrase interrogative indirecte. Cela s’explique par le fait qu’il s’agisse d’une phrase complexe dont les deux propositions subordonnées interrogatives sont introduites par la proposition principale « Ils les appelèrent [insertion d’une proposition subordonnée complétive] et leur demandèrent ». Le verbe demander marque un manque de connaissances, on suppose alors qu’il s’agit d’une question stricte.
Ensuite, les deux propositions subordonnées interrogatives sont introduites par la conjonction de subordination « si », la première étant « s’ils n’avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient » et la seconde « s’ils ne s’en doutaient point ». Les deux interrogations dont d’ailleurs coordonnées entre elles grâce à la conjonction de coordination « et ». Finalement, nous constatons qu’il s’agit de deux interrogations totales puisque la réponse attendue est fermée, c’est-à-dire qu’on ne peut répondre que par oui ou par non.
Les informations à retenir pour votre présentation :
Après avoir expliqué ce qu’on attend des étudiants à travers deux exemples d’analyse de phrases interrogatives (directes et indirectes), voici un tableau récapitulatif des informations capitales qu’il faut donner à l’examinateur. N’oubliez pas de faire le lien entre les interrogations entre elles si elles sont plusieurs dans une phrase et de les traiter à part entière.
Phrase interrogative directe | Phrase interrogative indirecte | |
Le type d’interrogation | Point d’interrogation à la fin de la phrase. Inversion sujet-verbe simple ou complexe ? | La phrase se termine par un point. Il n’y a pas d’inversion du sujet avec le verbe. La PS interrogative dépend d’une proposition principale. |
Partielle | Question ouverte Réponse nécessite des éléments précis (lieu, cause, conséquence, temps, etc.) Introduction par un adverbe, un déterminant ou un pronom analyser la fonction du pronom. | Question ouverte Réponse nécessite des éléments précis (lieu, cause, conséquence, temps, etc.) Introduction par un adverbe, un déterminant ou un pronom analyser la fonction du pronom. |
Totale | Réponse par oui ou par non = question fermée | Réponse par oui ou par non = question fermée |
Rhétorique | Ne nécessite pas de réponse. Peut donner un ordre (valeur injonctive), une affirmation (assertive) ou une hypothèse (interrogation stricte). | Ne nécessite pas de réponse. Peut donner un ordre (valeur injonctive), une affirmation (assertive) ou une hypothèse (interrogation stricte). |
Alison, rédactrice en littérature de Culture Livresque