Quelle puissance spatiale chinoise dans notre monde contemporain ? Au sein du chapitre « les nouveaux espaces » en terminale HGGSP, voici une fiche pour comprendre l’influence de la Chine dans ce domaine. La dimension de l’espace extra-atmosphérique fait intégralement partie des relations internationales. Elle suscite des enjeux multiples pour les acteurs, entre concurrence, volonté de puissance, et coopération. Au cours de son histoire, la Chine s’est forgée une place singulière dans le club des puissances spatiales. Ses ambitions, ses stratégies, plans et accomplissements illustrent les enjeux de l’espace extra-atmosphérique sur la scène internationale.
La puissance spatiale chinoise : évolution historique
Pendant la guerre froide, l’espace extra-atmosphérique a été l’objet de grandes rivalités entre l’URSS et les États-Unis d’Amérique. On dénote notamment avec la course aux armements. Cette dynamique continue dans une certaine mesure. A l’époque, le refus américain de coopérer avec la Chine dans le domaine spatial avait entraîné la Chine à étudier son programme spatial de façon indépendante. L’histoire spatiale Chinoise a débuté il y a six décennies, en 1964, lorsqu’une fusée dans laquelle se trouvaient des souris a été lancée dans l’espace. En 1970, la Chine devient le cinquième État (Après USA, URSS, France et Japon) à envoyer un satellite dans l’espace.
En 1980, le dirigeant Deng Xiaoping structure le programme spatial Chinois guidé par un programme de développement scientifique et technologique. Cela pave la voie à un projet ayant pour objectif d’envoyer des hommes dans l’espace, articulé en 1992. En 1999, le premier véhicule spatial non-habité, le Shenzhou 1 est lancé. En 2001 et 2002, trois autres engins de ce type sont lancés pour préparer le vol humain. Préparation réussie : en 2003, la Chine envoie son premier Taïkonaute dans l’espace.
En 2007, la Chine conduit son premier test d’arme antisatellite. Au cours de ces dernières années, la Chine a amélioré ses capacités spatiales. Elle a été capable d’envoyer des sondes pour explorer la lune et mars, de lancer sa propre station spatiale sur orbite, puis achever en la construction, de continuer à envoyer des taïkonautes dans l’espace. En 2020, la Chine a mis sur orbite le satellite Baidu. Cela complète un système de navigation faisant directement concurrence aux GPS US, établissant son autonomie complète dans ce domaine.
Enjeux d’entrer dans le club des puissances spatiales
Enjeux économiques
Les programmes spatiaux et les évolutions numériques sont des outils de développement économique. Ils favorisent plusieurs marchés comme l’électronique et tout ce qui est lié aux hautes technologies. En effet, les hautes technologies ont un impact positif sur l’économie car elles améliorent les infrastructures. Elles s’ouvrent à des activités bénéfiques à l’économie et permettent une meilleure connexion dans le cadre la globalisation. De plus, celui qui maîtrise la production de haute technologie a un grand pouvoir économique dans le monde. En effet, ceci n’est pas donné à tous les pays, lesquels sont obligés d’acheter ces produits parfois en échange de matières premières.
Plusieurs acteurs privés ont profité des bénéfices économiques engendrés par le domaine de l’espace. On compte notamment les géants du numérique : les GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft) dans la Silicone Valley, les BATX (Baidu Alibaba Tencent Xiaoming) ainsi que SpaceX qui s’est lancé dans l’exploration spatiale.
Enjeux stratégiques
Être une puissance spatiale représente un énorme avantage pour une nation. En effet, la maîtrise de ces technologies permet de produire des satellites qui naviguent dans l’orbite. Cela donne également la capacité d’améliorer les communications militaires, de mieux coordonner des troupes, des navires, des avions. Cela permet également de mettre en place un dispositif de boucliers anti-missiles. Enfin, il y a la possibilité de guider la trajectoire des missiles. Les forces aérospatiales jouent un rôle-clé dans la guerre électronique et le renseignement (satellites d’écoute et d’observation). Ce qui est indispensable dans une guerre moderne pour localiser des cibles ennemies, repérer des mouvements hostiles ou se défendre contre des attaques.
Le fait d’être une puissance spatiale génère également du prestige sur la scène internationale. Cela accorde un levier diplomatique ainsi qu’une influence liée au soft power.
Ambitions
Le budget pour le domaine spatial a évolué de 2,2 milliards $ en 2022 à 14,3 milliards $ en 2023. Cela reste bien en dessous du budget US 73,35 milliards $. On constate un réel progrès de la Chine dans le domaine spatial :
- L’envoi d’une sonde pour explorer Mars et la mise sur orbite du système de navigation satellite Baidu en 2020 ;
- le fait d’avoir une station spatiale sur orbite ;
- l’envoi régulier des Taïkonautes.
Les autorités Chinoises ambitionnent selon un plan, de faire de la nation, une superpuissance spatiale à partir de 2045. A l’horizon 2029, la Chine ambitionne également d’envoyer des hommes sur la lune, d’explorer Uranus et un des satellites de Jupiter, Callisto.
Les ambitions spatiales sont marquées par la volonté du président Xi Jinping de réorganiser extensivement l’APL, pour la moderniser, la mécaniser, intégrer la numérisation, l’informatisation, l’IA et renforcer la présence militaire Chinoise dans l’espace. Pékin a par ailleurs défini des mesures relatives à la politique spatiale visant à défendre la souveraineté nationale Chinoise. La course spatiale constitue une dimension de la compétition globale avec les Américains, impliquant des répercussions économiques, diplomatiques et militaires.
La Chine a déjà coopéré dans le domaine de l’espace avec de nombreux pays dont la France pour l’océanographie satellitaire. La Chine est ouverte à la coopération internationale et dirige une organisation multilatérale, l’APSCO (Asia Pacific Space Cooperation Organization), composée de pays comme la Thaïlande, la Mongolie, le Pérou ou le Pakistan. L’une des principales activités est la surveillance spatiale, mais aussi le partage d’information, de savoir-faire, la Chine a ainsi fourni du matériel à l’Iran, au Pérou et au Pakistan.
Le rôle des SSF
Le SSF (Strategic Support Forces) est un théâtre de commandement au sein de l’APL (Armée Populaire de Libération). Il est dédié à l’espace, le cyberespace, l’électronique, la communication, l’information et la guerre psychologique.
L’APL continue de développer des capacité conte-spatiale, comme :
- Les missiles antisatellites ;
- les satellites co-orbitaux ;
- la guerre électronique ;
- des armes à énergie dirigée pour ériger un dispositif de dénis d’accès dans l’espace de façon à empêcher l’adversaire d’opérer en temps de crise et de conflit.
L’APL perçoit la supériorité spatiale comme un facteur décisif de suprématie sur l’ennemi. Les SSF effectuent régulièrement des exercices conjoints avec l’armée de l’air, la marine et les forces de missiles pour maintenir un haut degré de préparation et améliorer leur capacité dans la guerre moderne informatisée.
Missions spatiales récentes effectués par la Chine
La Chine envoie en orbite sa Station spatiale Tiangong-3 le 29 avril 2021, sa construction a été complétée en 2022. Elle est située entre 340 et 450 km au-dessus de la surface de la Terre. Elle présente l’unique caractéristique d’être la seule station étant opérée exclusivement par un Etat, tandis que la station ISS est le fruit d’une coopération internationale (USA, Russie, Canada, UE, Japon…). La station Tiangong-3 est équipée de matériels et instruments pour conduire des expériences scientifiques, notamment dans la biologie, les sciences-physiques et la science de la Terre (observation, changement climatique, catastrophes naturelles).
Le 17 juin 2021, les Chinois faisaient décoller la fusée Shenzhou-12 avec 3 taïkonautes à l’intérieur. Après plusieurs heures de voyage, les taïkonautes rejoignent la station spatiale chinoise Tiangong-3. Ils devront y séjourner 3 mois afin de réaliser des expériences scientifiques et de préparer des laboratoires pour les scientifiques qui viendront.
Le 25 avril 2024, le pays lance la fusée Shenzhou-18 avec trois Taïkonautes à bord. En route vers la station Tiangong-3, ils s’y engageront pour une durée de six mois, dans plusieurs activités dont les sorties extravéhiculaires, expériences scientifiques et cours (en visio) pour des étudiants.
Le 3 mai 2024, l’État lance la mission Chang’e-6. La sonde a été envoyée sur la face cachée de la lune pour y prélever des échantillons. Retour de la mission sur Terre le 25 juin, les prélèvements analysés pourront fournir des renseignements sur la nature minérale et géologique de la face cachée de la lune.
En conclusion, la Chine demeure une grande puissance spatiale de par ses capacités, accomplissements, savoir-faire et caractéristiques. Elle planifie d’augmenter ses capacités et découvertes. Dans les domaines militaires, économiques, diplomatiques, les atouts de la Chine dans le domaine spatial lui procurent des leviers et une grande marge de manœuvre.