L’Amérique latine dans le collimateur de la puissance chinoise ? Depuis mars 2018, les États-Unis sous l’administration Trump et la Chine se livrent une guerre commerciale, en imposant des tarifs douaniers de plus en plus importants sur une part elle-même grandissante de produits venus du pays concurrent.
L’Amérique latine au coeur des débats sino-américains
Depuis le début du conflit économique, Washington a imposé des taxes douanières supplémentaires sur l’équivalent de 250 milliards de dollars de biens chinois importés. La Chine, elle, surtaxe plus de 5078 produits américains, à hauteur de plus de 180 milliards de dollars. Depuis quelques années, nous avons vu les États-Unis et la Chine se livrer une guerre aussi bien économique et commerciale que d’influence. Cette guerre concurrentielle apparaît après une montée en puissance de la Chine dans le domaine diplomatique, économique et commerciale.
Mais ces derniers mois et ces dernières années une percée diplomatique, économique et commerciale germe en Amérique latine. Progressivement, elle tourne le dos à Washington et à la puissance continentale qu’elle représente pour son principal concurrent.
L’Amérique latine par Pékin : Première étape Amérique du Sud
L’Amérique du Sud, n’est plus le pré carré de la puissance américaine.
Un rapprochement considérable du sud avec la Chine
La plupart des pays sud-américains, qui s’étendent de la Colombie à l’Argentine, priorisent aujourd’hui leurs liens commerciaux avec la Chine. Ces derniers mois, nous avons pu voir le rapprochement des pays du cône sud avec la Chine. La relation entre la Chine et les pays sud-américains est en train d’évoluer. Elle renforce petit à petit son influence sur le continent sud-américain. Elle persuade avec des investissements qui devrait atteindre 700 milliards de USD en 2035. La Chine agit également avec le Brésil sous la Gouvernance de Bolsonaro, tout d’abord. Elle perdure sous Lula qui a vu un grand rapprochement entre le Brésil et Pékin.
Le Venezuela de Maduro reste également à la fois proche de la Chine et de la Russie et représente une épine dans le pied du pays de l’oncle Sam. Ces derniers mois, le rapprochement sino-argentin montre une montée en puissance de la Chine dans la région sud-américaine. Pour asseoir son influence, l’Argentine a obtenu l’assurance de la Chine de devenir un membre à part entière des BRICS et la présence de Buenos Aires sur les cartes de la « Belt & Road initiative ».
Le 7ème sommet de la CELAC
De plus, le septième sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) s’est récemment tenu. Le président Xi Jinping a prononcé un discours vidéo lors de ce sommet à Buenos Aires. Montrant ainsi toute l’influence que la Chine possède en Amérique Latine dans la zone d’influence américaine. La Chine répond à une demande des pays du Cône Sud de diversifier leurs liens commerciaux face aux États-Unis. Cela résulte également de la stratégie classique d’investissement et d’endettement proposé par la Chine.
Mais les objectifs de Pékin sur ce continent ne se limite pas à l’Amérique du Sud. Ils poussent vers l’Amérique Centrale pour étendre la zone d’influence chinoise à quasiment toute l’Amérique Latine qui petit à petit prête allégeance à la Chine.
Deuxième étape, l’Amérique Centrale
La présidente du Honduras a fait une annonce. Son gouvernement chercherait à établir des relations diplomatiques avec la Chine en échange d’investissements. Le Honduras reste l’un des pays les plus défavorisés d’Amérique latine, dont 74% de ses dix millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le Honduras devra abandonner sa reconnaissance diplomatique de Taïwan à l’avenir. Huit autres pays d’Amérique du Sud reconnaissent toujours Taiwan :
- le Belize
- le Guatemala
- Haïti
- le Nicaragua
- le Paraguay
- Saint-Kitts-et-Nevis
- Sainte-Lucie
- Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
Si le changement diplomatique du Honduras devenait économiquement bénéfique, cela pourrait inciter d’autres pays de la région à envisager de faire de même. Le Guatemala et le Paraguay pourraient être les prochains sur la liste et ont tous les deux des candidats favorables à la Chine lors de leurs prochaines élections présidentielles de juin et d’avril.
Ce basculement de l’Amérique central du côté chinois pourrait petit à petit faire pencher la balance en faveur de la Chine. Cela agirait dans la guerre économique et commerciale qui l’oppose à Washington, toujours plus proche de ses frontières et dans sa propre zone d’influence.
Un derniers recours de Washington
De leur côté, les États-Unis n’ont pas dit leur dernier mot. Il compte notamment sur Mexique, qui concentre 70% du commerce latin de Washington. Malgré cela, la crise du COVID-19, la politique diplomatico-sanitaire utilisé par Pékin a bien contribué à son expansion guidée par les enjeux commerciaux. Par exemple en fin 2021, certains parlaient des effets de la « diplomatie Covid » menée par Pékin. Elle agirait dans une région où les vaccins et autres masques chirurgicaux d’Occident se faisaient attendre. À terme, cette poussée téméraire de la Chine en Amérique Latine accule Washington au bord de ses frontières commerciales sur son propre contient dans sa zone d’influence.
Clément Coille, rédacteur géopolitique