Actualité du 18 février 2023
Le Danemark va systématiquement accorder le droit d’asile aux Afghanes, à 96% plus précisément.
Un droit d’asile automatique pour les femmes afghanes ?
Une protection des femmes face à un régime autoritaire
Cette décision relative au 30 janvier se fonde sur des informations relatives à la détérioration continue des conditions de vie des femmes et des filles en Afghanistan depuis le retour des talibans au pouvoir.
En effet, depuis leur retour en août 2021, les talibans ont progressivement aboli les libertés conquises par les femmes ces vingt-cinq dernières années. Ces restrictions sont radicales : Pas de droit de voyage sans être accompagné d’un parent masculin, port de la burqa ou d’un hidjab obligatoire dans l’espace public, et depuis le 21 décembre dernier, pas le droit à l’université.
Un soutien de l’opinion publique
Suite au durcissement des droits des femmes fin 2022, plusieurs contestations ont été exprimées. On pense notamment à la création du hashtag « LetHerLearn » présent sur twitter, pour s’opposer à l’interdiction des femmes à l’université. Plusieurs professeurs universitaires se sont également mobilisés, notamment en portant leur soutien aux manifestantes postées devant l’université. Selon Maryam, une étudiante de Kaboul, « il n’y a plus de vie possible pour les femmes en Afghanistan ».
Précisons également que dans la même période, les talibans avaient ordonné aux ONG locales et étrangères de ne plus employer de femmes, après des plaintes concernant leurs façons de s’habiller. C’est le même argument qui privait les Afghanes de l’université.
Droit d’asile et Danemark : quelles conséquence pour la France et l’Europe ?
C’est donc ce durcissement des droits qui a motivé la décision des autorités danoises. Le droit à l’asile pour les femmes et filles afghanes monterait à 96%. Cette mesure est forte de sens, et soulève des questions au sein de l’UE. Si le Danemark, petit pays, est capable de mettre en place ce type de politique, qu’en est-il des autres pays de l’Union ? S’aligneront-ils avec Copenhague ?
Une France déjà impactée par les crises
Dans une première mesure, on peut envisager que les pays membres de l’UE soient disposés à accueillir des populations sont les droits sont restreints. Cela interroge donc les politiques migratoires des États de l’UE. La France, un des États fondateurs de l’UE, prendra-t ’elle la décision d’aider ces populations ? Si oui, en a-t’elle les moyens ? En effet, la France est depuis plusieurs années maintenant embourbée dans des crises de tout type.
- Économique, dues aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 ;
- Diplomatique, avec la guerre en Ukraine ;
- Politique, avec les mouvements de contestations politiques liées aux décisions récentes du gouvernement.
Une Union européenne dans l’opposition
Face à une situation migratoire jugée « tendue », les ministres européens de l’intérieur ont exprimé le 26 janvier 2023 leur volonté d’accroître les renvois de personnes en séjour irrégulier vers leur pays d’origine. Selon Maria Malmer Sternergrad, ministre suédoise, « le niveau actuel n’est pas acceptable ». On peut alors se demander si les membres de l’UE sont vraiment disposés à s’aligner sur la décision du Danemark. A contrario, pris dans leurs problèmes internes, ils décideront de durcir leur politique migratoire.
En résumé : un droit d’asile à 96% ?
Ce récent durcissement des droits est une conséquence du retour au pouvoir des Talibans. Ce durcissement des droits s’accompagne d’une situation économique et humanitaire chaotique. Si l’Europe n’est plus physiquement présente sur le territoire, certains pays comme le Danemark mettent en place certaines politiques pour aider les ressortissants/migrants, notamment les femmes, premières victimes de ce régime. Reste à voir si le reste des pays de l’Union mettront en place certaines dispositions pour répondre au même objectif, et cela malgré une multiplication des crises sur le sol européen depuis plusieurs années.
Marion Deruyck, rédactrice géopolitique