Le budget de l’armée française va augmenter d’un tiers pour la période 2024-2030, en passant de 295 milliards à 400 milliards d’euros, a annoncé Emmanuel MACRON le 20 janvier. Selon le président français, la guerre en Ukraine a mis en lumières les lacunes dans l’armée française.
Dès lors, aura-t ’il fallut une guerre sur le continent européen pour que la France se décide enfin à se préoccuper de/augmenter son budget militaire ?
Une baisse du budget de la défense française aux lourdes conséquences
En effet, avant l’initiative du chef d’Etat français, la part de la défense dans le budget français était en stagnation, voire en baisse.
Un retard considérable dans les technologies militaires
En conséquence, des locaux précaires, des salaires peu attractifs, et surtout un retard technologique. C’est d’ailleurs ce retard technologique qui a poussé Emmanuel Macron a augmenté le budget de l’armée française ce janvier 2023. Selon le président, nous sommes en retard dans le domaine des drones ou encore dans la guerre à distance, outil qu’il faudrait impérativement maîtriser pour « faire face aux périls du siècles ».
Mais alors, depuis quand peut-on parler d’une réelle baisse du budget militaire française, et quelles sont les conséquences concrètes de cette négligence ?
Un état des lieux d’une baisse depuis la fin de la Guerre Froide
Après la fin de la Guerre Froide, les dépenses militaires françaises ont connu une baisse importante, principalement du fait de l’éloignement d’un certain nombre de menaces directes sur le territoire national. S’est alors opérée une réduction du budget militaire dans les années 90, qui a été interrompue par les attentats du 11 septembre 2001. En 2009, on a recensé une baisse du budget de 4,16% et une réduction des effectifs de 19,3%. Dès 2015, le ministère de la défense a perdu 25% de son budget depuis 1990. En 2018, le budget de la défense représente 1,5%, c’est moins que les 2% préconisés par l’OTAN. Pour rappel, les pays de l’OTAN s’étaient mis d’accord en 2006 pour consacrer au moins 2% de leur PIB à la défense, afin que la disponibilité opérationnelle reste assurée au sein de l’alliance.
Cette baisse continue des dépenses militaires ainsi que la place de plus en plus réduite de la défense au sein du budget de l’Etat débouchent régulièrement sur la question du sous-financement de l’armée française.
Une prise en compte du contexte géopolitique actuel pour le budget de la défense française
Néanmoins, force est de constater que la décision du chef d’Etat français ne trouve pas seulement ses motivations dans la reconnaissance de cette baisse/négligence du budget militaire, mais également dans la prise de conscience des enjeux sécuritaires actuels.
« Nous devons avoir une guerre d’avance » a déclaré Emmanuel Macron. Le président français veut augmenter « drastiquement » les dépenses militaires de la France. Cela représente une augmentation du budget de 60% sur 7 ans. Selon le magazine britannique The Telegraph, un tel budget « maintiendrait la France dans les clous des directives de l’OTAN en matière de dépenses militaires ».
En outre, on constate une volonté d’alignement de la puissance française sur la politique de défense de ses voisins. De fait, en 2021, le Royaume-Uni consacrait 2,1% de son PIB à la défense. L’Allemagne sous Olaf Scholz annonçait peu après l’invasion de l’Ukraine un « renversement historique » de la politique allemande en matière de défense, très antimilitariste depuis la fin de la seconde guerre mondiale (Traité de Versailles 2.0 ?).
Une augmentation des budgets dans le monde ?
Bien que la France soit le troisième plus grand exportateur d’armes au monde et l’unique puissance nucléaire de l’Union Européenne, elle a été la cible de critiques pour ne pas avoir envoyé d’avantage d’armes à Kiev depuis le début du conflit. On constate ainsi une mobilisation commune des États européens concernant cette crise, pas étonnant donc que la France décide de s’aligner/suivre. Notons que cette tendance ne se limite pas au Vieux Continent. Fin 2022, le Japon avait aussi annoncé une « augmentation considérable de son budget de défense », pour répondre à ce que le Premier Ministre, Fumio Kishida, a décrit comme « la menace la plus grâce et complexe pour notre sécurité depuis la Seconde Guerre Mondiale », citant notamment des « menaces venant de la Chine et de la Corée du Nord ».
Marion Deruyck, rédactrice en géopolitique