Actualité du 11 avril 2023 : les tensions entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan a annoncé jeudi l’expulsion de quatre membres de l’ambassade d’Iran dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, Bakou accusant notamment Téhéran d’avoir fomenté une tentative de coup d’Etat.
Minorité ou groupe de pression ? Les tensions de la zone
Les tensions semblent à leur comble. Les Azéris d’Iran constituent la plus importante minorité ethno-linguistique du pays puisqu’elle compte près de 16 millions de personnes (soit plus de 25 % des quelque 68 millions d’habitants). Ces derniers conservent un sentiment très vif de leur particularisme parfois vécu comme une forme de stigmatisation qui peut donner lieu à un certain nombre de revendications identitaires.
Ainsi, le gouvernement azerbaïdjanais peut potentiellement faire pression sur l’Iran, en soufflant sur les braises de sa minorité. En effet, des revendications en matière de droits culturels et linguistiques se font de plus en plus fortes. Les Azéris d’Iran réclament en particulier la mise en œuvre de leur droit, prévu par la Constitution, de bénéficier d’une éducation en langue turque. Dès lors, les relations entre l’Iran et l’Azerbaïdjan se tourne vers des tensions.
La concurrence des hydrocarbures
Le Corridor gazier Sud (SGC), qui a été développé pour transporter le gaz naturel de la mer Caspienne vers l’Europe contourne l’Iran. Le projet de pipeline sort en 2002 en tant que projet conjoint entre l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie, et il a été achevé en 2020. Le pipeline commence dans le champ gazier de Shah Deniz en Azerbaïdjan et traverse la Géorgie avant d’arriver en Turquie, où il se connecte au réseau de gaz naturel européen. Cependant, l’Iran a protesté contre la construction du SGC, affirmant que le projet visait à isoler le pays en tant que fournisseur d’énergie et à affaiblir son influence dans la région.
Iran – Turquie : des ennemis de longue date
Historiquement, l’Iran et la Turquie sont des pays voisins qui ont des relations complexes et parfois tendues. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles ces deux pays ont été des ennemis de longue date, notamment des rivalités religieuses, des différences culturelles, ainsi que des conflits d’intérêts dans la région.
En effet, l’Iran est majoritairement musulman chiite, tandis que la Turquie est majoritairement musulmane sunnite. Cette différence religieuse a conduit à des rivalités et des tensions dans la région, car Téhéran a souvent cherché à soutenir les mouvements chiites dans des pays voisins, tandis que la Turquie a soutenu les mouvements sunnites. Cette rivalité religieuse semble parfois utilisée comme un prétexte pour des conflits politiques et militaires.
Il ne faut pas oublier que les Azerbaïdjanais et les Turcs sont étroitement liés. Les deux peuples parlent des langues turques et partagent une culture turque commune. Les Azerbaïdjanais se considèrent souvent comme faisant partie de la même nation que les Turcs et partagent un sentiment de fraternité avec Ankara. Cette dernière est un facteur de tensions à ne pas négliger.
Espionnage iranien : prétexte ou réalité ?
L’ambassadeur iranien à Bakou a reçu une convocation au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères. Quatre employés de l’ambassade d’Iran ont été déclarés personae non gratae.
Ces expulsions interviennent quelques heures après que Bakou eut annoncé l’arrestation de six Azerbaïdjanais « recrutés par les services secrets iraniens pour déstabiliser la situation dans le pays », selon les autorités azerbaïdjanaises.
Leur mission se focalisait sur la formation d' »un groupe de résistance chargé d’établir un État gouverné par la charia en Azerbaïdjan par une déstabilisation armée et un renversement violent de l’ordre constitutionnel », selon le ministère azerbaïdjanais de l’Intérieur et le bureau du procureur-général dans un communiqué.
Aujourd’hui, nous n’avons aucune information pour savoir si ces accusations s’avèrent vraies, ou si elles rentrent dans un contexte de tensions, devenant ainsi un prétexte tout trouvé.