Protection de la haute mer : un aboutissement par un traité international ?

Vendredi 10 mars 2023 – Actualité sur la protection de la haute mer

La protection de la haute mer enfin actée ? Après 15 ans de négociations, les États membres se sont enfin mis d’accord sur un traité international visant à protéger la biodiversité et encadrer le partage des ressources.

Protection de la haute mer
la protection de la haute mer reste un enjeu crucial

Ce traité sera formellement adopté à une date ultérieure, et son contenu exact n’a pas encore été publié, mais les militants écologiques l’ont qualifié de tournant décisif pour la protection de la biodiversité.

« Une victoire du multilatéralisme »

Le secrétaire général des États-Unis Antonio Guterres a déclaré que cet accord est une « victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent les océans, aujourd’hui et pour les génerations à venir ».

Une victoire prometteuse pour la protection de la haute mer

Cette victoire du multilatéralisme est encourageante, dans la mesure celui-ci est mise à mal depuis plusieurs années. En effet, les organisations internationales, comme l’ONU, peinent à s’accorder sur les questions du climat, des conflits, du désarmement, de la justice pénale internationale, des droits humains, du commerce, de la santé, et cela notamment face à l’unilatéralisme mené par les États-Unis, la Chine et la Russie.

La fin de la crise du multilatéralisme en 2020 ?

C’est d’ailleurs Serge Sur, universitaire reconnu en relations internationales, qui parlait de « crise du multilatéralisme » en 2020. Ainsi, ce traité est un signe que les États sont prêts à coopérer de façon efficace et assumée pour la protection de l’environnement. Notons que le dernier traité multilatéral concernant la « protection de l’océan » était un traité interdisant les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère et sous l’eau, en 1963. Ce traité avait donc vocation à interdire les essais nucléaires, mais n’était pas directement lié à la protection de la biodiversité.

La protection de la haute mer et ses enjeux

La Haute Mer désigne les espaces au-delà des zones économiques exclusive, dites ZEE.

L’encadrement des zones de la haute mer

On estime que ces zones s’étendent au maximum à 370 kilomètres de côtes. Pour rappel, les création des ZEE résulte de la troisième conférence de l’ONU sur le Droit de la Mer, lors de l’adoption de la Convention de Montego Bay (1982)  qui régit le Droit des Océans.

Bien que la Haute Mer représente plus de 60% des océans et quasiment la moitié de la planète, elle est souvent délaissée dans les débats climatiques. Certains travaux scientifiques ont pourtant démontré l’importance, voire la nécessité, de protéger ces espaces. En effet, on estime que la biodiversité microscopique qui s’y trouve fournit environ 50% du CO2 que nous respirons, et contribue à ralentir le réchauffement climatique.

Selo l’ONG The Pew Charitable Thrust, seulement 1% de la Haute Mer fait l’objet de lois visant à la protéger. Pourtant ces espaces seraient indispensables pour protéger jusque 30% des terres et des océans d’ici 2030.

Le débat Nord-Sud ravivé

Ce traité a également ravivé certaines tensions entre les États, dits du Nord car développés, et les États dits du Sud, en développement ou sous-développés. En effet, ces derniers n’ont pas forcément les moyens de fournir les mêmes sommes que les États du Nord. Cela concerne notamment les expéditions et la recherche scientifique. Ils ont avancé une bataille pour ne pas perdre l’accès aux ressources dans ces espaces. Ce traité nous ramène donc à la question d’équité Nord-Sud, souvent abordée durant les débats sur la protection de l’environnement.

En résumé de la protection de la haute mer

Dans le cadre de ce traité, les États alloueront donc près de 20 milliards de dollars protection des océans. Notons que les États-Unis participent à hauteur de 6 milliards, contre 816 millions pour l’UE. Reste à voir si tous les États signataires du traité disposeront des mêmes droits et si cet accord permettra d’équilibrer les rapports de force, ou au contraire les exalter.

Marion Deruyck, rédactrice géopolitique