À l’Ouest rien de nouveau : la Première Guerre mondiale au cinéma

À l’Ouest rien de nouveau reste un film culte pour étudier la première guerre mondiale. Une analyse signée Clara Sebastiao. Comment représenter la Première Guerre mondiale au travers des arts ? Comment adapter une œuvre littéraire ? Ce sont les deux défis que s’est lancé Edward Berger, réalisateur d’À l’Ouest rien de nouveau. Ce nouveau phénomène disponible sur Netflix bouleverse nos écrans. On vous explique pourquoi.

A l'ouest rien de nouveau
A l’ouest rien de nouveau, image de Netflix

Un roman signé Erich Maria Remarque

Erich Maria Remarque est un écrivain allemand. Son roman emblématique À l’Ouest, rien de nouveau connaît un succès mondial dès sa publication en 1929. C’est aujourd’hui un symbole de la dénonciation de la Première Guerre mondiale. Lui-même vétéran de cette guerre, Eric Maria Remarque est déchu de sa nationalité allemande par le régime nazi en 1938. Cela l’oblige à s’exiler en Suisse puis aux États-Unis. Il est naturalisé américain en 1947. C’est cet exil qui lui permet la liberté d’écrire, loin de l’oppression de l’Allemagne et du régime nazi. Durant son séjour en Suisse, il offre l’asile aux personnes persécutées.

Aux États-Unis, pendant la Seconde Guerre mondiale, il poursuit sa carrière littéraire. Il s’implique également dans des projets anti-fascistes. Après la guerre, Remarque retourne en Europe. Il décède en 1970. Sa villa au bord du lac Majeur est devenue un lieu emblématique, témoignant de son héritage littéraire et de son engagement pour la paix.

À l’Ouest, rien de nouveau : une première adaptation riche

À l’Ouest rien de nouveau est un film américain de 1930 réalisé par Lewis Milestone. Cette adaptation sur grand écran arrive seulement un an après la sortie du roman éponyme. L’œuvre est largement acclamé lors de sa sortie aux États-Unis.

Considéré comme une représentation réaliste de la guerre, elle obtient une place sur la liste des plus grands films de tous les temps établie par l’American Film Institute. Elle est par ailleurs honorée par la Bibliothèque du Congrès des États-Unis pour sa signification culturelle et sa préservation. Il s’agit ici du premier film à remporter l’Oscar du meilleur film adapté d’un roman. Avec son droit d’auteur sur le point d’expirer en 2026, le film entrera bientôt dans le domaine public, tout comme le roman dont il est tiré.

90 ans plus tard : un retour à l’écran d’À l’Ouest, rien de nouveau

À l’Ouest, rien de nouveau est le premier grand succès de son réalisateur, Edward Berger. Ce réalisateur et scénariste de 53 ans commence sa carrière avec un premier long-métrage en 1998. Par la suite, il s’oriente dans le milieu de la télévision et des séries. On le retrouve également à la direction de plusieurs courts-métrages. Il travaille, notamment, aux côtés d’Ang Lee et Todd Haynes lors de ses débuts.

C’est en août 2022 qu’À l’Ouest, rien de nouveau est présenté par l’Allemagne pour l’Oscar du meilleur film international pour la 95e cérémonie des Oscars. Nommé neuf fois lors de ce grand évènement en mars 2023, le film remporte quatre récompenses dont l’Oscar du meilleur film étranger, étant le deuxième film le plus récompensé de la soirée.

De quoi parle-t-on dans À l’Ouest, rien de nouveau ?

Paul Bäumer est un jeune soldat allemand pendant la Première Guerre mondiale. Porté par sa ferveur et son patriotisme ardent, Paul rejoint l’armée avec enthousiasme. Mais il se retrouve bientôt plongé dans l’effroi des tranchées, confronté à l’horreur des combats et des conditions de vie inhumaines. Le film capture de manière frappante la désillusion croissante de Paul face à la violence brutale.

La Première Guerre mondiale : une guerre des tranchées

Le film d’Edward Berger se focalise essentiellement sur la vie dans les tranchées. Il n’illustre pas ici une guerre d’avancées et de conquêtes, mais une guerre de positions. Les soldats creusent, s’enterrent, attendent. La pression psychologique de l’attente est insoutenable. Et les conditions de vies déplorables. Le froid, la boue et les rats sont le quotidien de ces soldats en semi-veille.

Les combattants sur le front se font face, chacun dans leurs kilomètres de galeries. Ce que l’on nomme le no man’s land les sépare. Cette zone précise se situe au-delà des barbelés de chaque camp adverse. Le no man’s land indique que toute présence humaine dans cet espace apparaît comme une agression. Tout intrus sera abattu par l’une ou l’autre des factions.

Un personnage historique : Matthias Erzberger

Matthias Erzberger, que l’on entraperçoit ici, est un homme politique allemand. Né en 1875 dans le sud de l’Allemagne, il se fait connaître pour son engagement politique. Il est membre du Parti du Centre, un parti catholique. On l’élit au Reichstag, le Parlement allemand, en 1903.

Pendant la Première Guerre mondiale, il joue un rôle important en tant que partisan d’une paix négociée. Cette position lui vaut des critiques de la part des nationalistes et des militaristes. En 1917, il devient secrétaire d’État. Il est l’un des signataires de l’armistice de 1918 qui a mis fin à la Première Guerre mondiale du côté allemand. En 1921, il est assassiné par des membres d’un groupe nationaliste radical en représailles à cette signature.

À l’Ouest rien de nouveau, c’est enfin une formule tirée d’un communiqué militaire de l’état-major allemand. Ce communiqué atteste de l’absence de mouvement de part et d’autres. C’est ici ce que retranscrit Edward Berger, un calme apparent pour les civils et militaires loin du front, mais un cauchemar quotidien pour les soldats sous terre.

Une analyse signée Clara Sebastiao

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