Information, transparence et secret dans nos démocraties

L’information peut être définie par l’ensemble des activités qui ont pour objet la collecte, le traitement et la diffusion des nouvelles auprès du public.

L’information reste importante dans la société.

Une définition de l’information

Ainsi, l’information est de facto universelle, car appartient à la chose publique. Cette définition met en exergue les qualités d’un régime démocratique : dans un État où l’information n’est pas filtrée, les citoyens peuvent s’informer de façon objective et peuvent exercer leur libre-arbitre.

Le savoir : une hiérarchie de l’information ?

Le secret apparaît alors comme le meilleur ami des systèmes autoritaires, et le pire ennemi des citoyens. Il créait naturellement une barrière entre ceux qui savent et les ignorants. Cette hiérarchie du savoir remet en cause les fondements même de notre République. Le secret se caractérise, d’après Arnaud Lévy, dans Evolution Etimologique et sémantique du mot secret par trois aspects distincts :

  • Le savoir
  • La dissimulation de ce savoir
  • La relation aux autres reposant sur le refus de communication de ce savoir

En effet, depuis 1980, s’opère une crise démocratique justifiée par un manque de confiance de la part des citoyens français envers l’autorité en général. L’exemple du scandale sanitaire du sang contaminé, qui a mis en péril la vie de millions d’Hommes dans le monde a engendré une certaine méfiance. Mais alors, si nous ne pouvons même plus faire confiance aux autorités, faut-il tendre vers une totale transparence ?

L’information : vers une totale transparence ?

En 2013, Julien Assange fonde Wikileaks : une organisation en relation avec plusieurs journaux internationaux afin de révéler tout secret politique, diplomatique et étatique. Il suppose de fait que l’État agit contre l’intérêt des citoyens puisque ce dernier a la volonté de garder certaines informations secrètes. Le secret d’État, le secret défense semblent aujourd’hui suspects, habillant le mensonge ou la dissimulation du prétexte trompeur de l’intérêt général. Ainsi, l’Union européenne encourage les États adhérents à tendre vers une plus grande transparence, synonyme d’un régime démocratique en bonne santé.

Les limites de la transparence

Mais la transparence présente des limites. Un monde sans secret reste semblable au dispositif carcéral théorisé par Michel Foucault : le Panoptique. Ce dernier se caractérise par un objet architectural spécifique constitué d’une tour centrale de surveillance autour de laquelle se déploient des cellules. Sociologiquement, il fait référence à imposer chez le détenu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir. En d’autres termes, les citoyens, notamment à cause du numérique, sont potentiellement épiés en permanence et le savent. Ainsi, ils n’osent pas défier le pouvoir en place : les smartphones ont remplacé le télécran.

Dès lors, la transparence peut être un moyen efficace de revigorer nos démocraties, mais il faut nuancer. La totale transparence semble être le pire ennemi de la liberté et plus généralement de nos régimes.

L’ère du numérique, le danger du surplus d’informations

Le surplus d’information dans l’ère du numérique est un danger à ne pas négliger

Les données collectées sur les sites Internet et les réseaux sociaux demeurent un outil de manipulation de masse. Les entreprises et les organisations peuvent utiliser les données collectées sur les utilisateurs pour influencer leur comportement ou leurs opinions, souvent à leur insu. L’exemple de Cambridge Analytica semble être une illustration de cette pratique. Cette entreprise a utilisé les données Facebook de millions d’utilisateurs pour élaborer des profils psychologiques détaillés et cibler des publicités politiques spécifiques en fonction des préférences et des comportements des utilisateurs. Cela a permis à Cambridge Analytica de diffuser des messages politiques ciblés à des millions d’utilisateurs, potentiellement influençant leur comportement électoral.

Aussi, les réseaux sociaux ont amplifié le problème des « fake news », ou fausses nouvelles. Ces dernières apparaissent comme des informations qui sont délibérément fausses ou trompeuses et qui se déploient à grande échelle, souvent via les réseaux sociaux. Les fakes news peuvent présenter un danger important, car elles peuvent tromper les individus, influencer leurs opinions et leurs comportements, et semer la confusion dans le débat public. Les algorithmes des plateformes de médias sociaux favorisent souvent les contenus qui suscitent des réactions émotionnelles fortes, comme la colère ou la peur. Les fausses nouvelles qui sont bien conçues pour provoquer ces réactions ont ainsi plus de chances d’être largement partagées et de se propager rapidement.

De ce fait, vaut-il mieux une information de bonne qualité et vérifiée mais parcimonieuse, donc contrôlée ?

Vers la disparition du journalisme ?

Avec la fuite des revenus publicitaires vers les réseaux sociaux, la mise en faillite des journaux et la transformation du monde médiatique, le journalisme est-il un métier en voie d’extinction ?

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont équipées de smartphones et d’appareils photo, et les réseaux sociaux permettent à tout un chacun de diffuser des images, des vidéos et des informations en temps réel. Cela a rendu l’actualité plus accessible et plus facilement partageable que jamais, et a ouvert de nouvelles perspectives pour les citoyens journalistes.

Cependant, le journalisme professionnel reste important pour assurer la qualité, l’exactitude et la vérification des informations. Les journalistes ont souvent des compétences, des connaissances et des ressources que les citoyens journalistes n’ont pas, leur permettant de mener des enquêtes approfondies, d’analyser les faits avec rigueur et d’assurer une couverture équilibrée.

Conclusion

Dans cette perspective, il convient de se poser la question de savoir comment s’informe-t-on aujourd’hui et quelles sont les stratégies à adopter pour garantir une information fiable et impartiale. Ainsi, la problématique liée à la liberté et au contrôle de l’information est devenue centrale dans notre société à l’ère du numérique. E

n effet, la surabondance de sources d’informations et de canaux de communication peut créer un sentiment de liberté, mais peut également engendrer des risques de désinformation et de manipulation. Comment alors concilier cette liberté d’accès à l’information avec la nécessité de contrôler sa qualité et son impartialité ? Comment développer un regard critique sur les sources d’information et les modes de communication pour s’assurer de la fiabilité des informations diffusées ? Quels sont les acteurs impliqués dans ce processus de contrôle et de régulation de l’information ?

Justin Robert, rédacteur géopolitique