L’inflation : mécanismes, origines et enjeux

Introduction

Il n’est pas rare d’entendre le terme « inflation ». En réalité, même sans avoir fait d’économie au lycée ou des études en macroéconomie, beaucoup de citoyens arrivent à mettre le doigt dessus lors de leurs débats ou de la plainte du niveau de vie. Mais l’inflation abordée par le peuple est-elle réellement cette notion ?

inflation et cours de SES
L’inflation est au programme de la spécialité SES.

Nous allons pouvoir nous pencher sur le sujet de l’inflation au travers de cette problématique générale : de quelle manière l’État doit-il gérer des enjeux colossaux face à l’inflation, dans un but de relance de l’économie et des salaires par rapport à la baisse du pouvoir d’achat des Français ?

Nous verrons tout naturellement les origines de cette notion économique pour comprendre sa provenance (I), puis ses mécanismes afin d’en saisir le fondement (II). Enfin, il sera de bon augure d’analyser les enjeux de l’inflation en France (III). Nous nous baserons sur un cas d’espèce : la crise du Covid-19.

Les origines de l’inflation

Il ne s’agit pas d’une notion nouvelle. Avant même les théoriciens économistes de la spécialisation du marché comme Ricardo ou Locke, l’inflation interpelle.

L’évolution de la notion dans l’Histoire depuis le XVIème siècle

Dès le XVIème siècle, Bodin commence à définir l’or et l’argent comme des éléments rares, les nommant même comme « la cherté de toutes choses ».

Malgré tout, on ne saisit pas encore bien l’intérêt de l’importance d’un élément cher : on parle en revanche d’une augmentation des prix sans vraiment en encadrer les enjeux ou même les mécanismes.

On commence peu à peu à faire des liens entre la monnaie et le prix. En réalité, Ricardo ou même Hume lient les deux notions économiques pour tenter de comprendre l’incidence de l’une sur l’autre. Définissons d’abord ces deux termes :

  • La monnaie : il s’agit d’un moyen d’échange entre deux personnes, deux entreprises, ou en tout cas deux parties. Elles estiment ainsi la valeur d’un objet ou d’un service à l’aide de cette monnaie, qui va être échangée. Elle obtient donc un statut de prix. La monnaie la plus utilisée dans le monde est le dollar, suivi de l’euro et du yen.
  • Le prix : c’est justement le lien entre un service/un objet et la monnaie utilisée. Un prix n’est pas forcément en monnaie, mais nous resterons dans cette perspective ici.

L’évolution de l’inflation depuis le XIXème siècle

En plein XIXème siècle, on creuse plus loin le lien entre ces deux notions : l’inflation ne serait pas qu’une simple augmentation des prix comme on pourrait le penser. Richard Cantillon met ainsi en lumière, en 1734, une « augmentation commence au point d’entrée de la monnaie et se diffuse plus ou moins à l’ensemble des circuits d’échanges, de sorte que certains produits peuvent ne pas enchérir ». On commence donc à entrevoir une vision plus globale de ce phénomène économique.

Au XXème siècle, la théorie quantitative de la monnaie est remis à l’ordre du jour avec l’un des pères fondateurs : Milton Friedman. Il va commencer à faire un lien entre l’augmentation des prix et la circulation des monnaies. Ce point culminant de la réflexion de l’économie et de l’augmentation des prix sera donc notre réflexion tout au long de cet exposé, maintenant que nous avons abordé les diverses pensées économistes.

Il semble donc intéressant de se pencher à présent sur les mécanismes de l’inflation.

Comprendre l’inflation : mécanismes et explications

À présent, intéressons-nous à la définition même de l’inflation, celle, bien sûr, actuellement retenue et non plus pensée et débattue par les pères économistes des derniers siècles.

La définition de l’inflation

Il s’agit tout simplement de l’augmentation des instruments servent à payer, à savoir la monnaie (pièces et billets) d’un pays. Milton Friedman dira même en 1970 : « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production ». Aujourd’hui, on estime qu’il ne s’agit pas que de l’augmentation du prix, mais plutôt d’une diminution du pouvoir d’achat. Effectivement, il semble plus logique de le voir sous cet angle : avec l’augmentation des salaires, les salariés ne devraient pas sentir cette inflation, et ce n’est pourtant pas le cas.

Que se passe-t-il ? Les salaires ne suivent tout simplement pas l’augmentation des prix du quotidien. Le phénomène du gel des salaires, à savoir l’augmentation impossible des revenus pendant un ou plusieurs mois successifs par les employeurs baisse le niveau de vie des employés.

En réalité, on comprend par cette définition qu’un pays utilisant l’euro peut ne pas ressentir une inflation aussi forte qu’un pays voisin utilisant la même monnaie.

Exemple de la crise de la dette grecque : La France peut faire circuler plus de monnaie que la Grèce. Les deux États possèdent pourtant tous les deux l’euro. En 2008, la Grèce a failli se faire éjecter de l’Union européenne à cause de la crise, tandis que la France n’a pas subi une ampleur de cette envergure.

Les mécanistes inflationnistes

L’INSEE mesure chaque année cet outils d’indice de la baisse du pouvoir d’achat et de l’augmentation des prix des biens et des services.

Pourquoi une augmentation des prix ?

  • Les entreprises souhaitent une plus grande marge sur leur produit ;
  • Le prix des matières premières augmente ;
  • L’importation et les taxes douanières augmentent ;
  • Les salaires pour la conception et la vente augmentent.

Quelles sont les conséquences de l’inflation ?

  • Une baisse du pouvoir d’achat ;
  • Le mécontentement des salariés et des citoyens : un risque de manifestations (exemple : Gilets Jaunes) ;
  • Un risque de pertes de bénéfices (imports exports) au vu des prix qui augmentent.

Les enjeux de la politique économique

La lutte de la politique économique en France

Il est intéressant de s’intéresser aux enjeux de la politique économique pour effacer, ou du moins estomper, cette augmentation des prix. En effet, la politique économique doit lutter contre deux phénomènes :

  • Le chômage, responsable d’une baisse de niveau de vie générale ;
  • L’inflation, résultat de la montée générale des prix et baissant le pouvoir d’achat des Français.

Les outils de lutte contre l’inflation

Pour lutter contre l’inflation, deux outils sont utilisés par l’État :

  • La politique budgétaire : l’État peut décider de réduire ses dépenses et surtout l’offre par rapport à la demande : les banques, par exemple, donnent beaucoup trop de crédits par rapport à ce qui est faisable. En d’autres termes, il convient de pouvoir baisser les dépenses publiques et les budgets.
  • La politique monétaire : dans la même optique, l’augmentation des taux d’intérêt fera logiquement baisser les demandes de crédit, mais aussi la diminution des monnaies disponibles dans le pays.

Enfin, bien que le prix doive être librement fixé par le vendeur, il convient également de fixer un montant maximum. Ce contrôle de l’État permet d’éviter une trop grande augmentation des prix, notamment dans l’immobilier : à Paris et à Lyon, par exemple, les loyers prennent souvent 3% annuels. Cela oblige les Français à revoir à la baisse leur demande de logement en pensant non plus au présent mais aux années de loyer suivantes.

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