La spécialisation du commerce international

La spécialisation dans le commerce international : que peut-on apprendre ? Bon, on a vu que le monde s’est globalisé et que les échanges internationaux se sont intensifiés. Mais la question qui se pose maintenant c’est pourquoi ? Pourquoi le commerce international a connu un tel essor ? Et pourquoi ça a si bien fonctionné ?

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Quelles sont les différentes théories du commerce international

La spécialisation dans le commerce international : quels exemples ?

L’introduction au commerce international t’aide à comprendre les principaux enjeux de cette notion. Mais cela ne suffit pas. Pour répondre à cette question, il est essentiel de se pencher sur les théories qui ont forgé notre compréhension des échanges entre les nations. On distingue trois théories complémentaires qui ont tenté d’expliquer les fondements du commerce international : l’avantage absolu de A. Smith, l’avantage comparatif de D. Ricardo et le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS).

Ces économistes se basent sur 2 constats :

  1. Le premier, c’est que l’on remarque que tous les pays ne sont pas aussi efficaces dans la production d’un bien donné.

→ La France peut être plus efficace que la Chine dans la production de vin même s’ils en produisent tous les deux !

  1. Le deuxième, c’est que certains pays choisissent de se spécialiser, c’est-à-dire de produire un seul et unique bien.

→ Si le Portugal produit du textile et du vin, et qu’il est meilleur dans le textile, il choisirait d’abandonner le vin pour se concentrer sur le textile.

Ainsi, nos 3 théories veulent montrer que les différences de productivité ou de ressources disponibles entre les pays, les conduisent à se spécialiser dans la production pour laquelle ils sont les plus efficaces. Et le plus beau, c’est que tout le monde serait gagnant car la production mondiale augmenterait !

Bon, assez discuté et analysons chaque théorie d’un peu plus près…

La théorie des avantages absolus dans la spécialisation du commerce international

La théorie d’Adam Smith : le classique

Adam Smith, économiste classique, est le premier à avoir montré les bienfaits du commerce international à partir de sa théorie de l’avantage absolu. Cette idée a été introduite en 1776 dans son œuvre emblématique Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations.

Selon Smith, tous les pays ont intérêt à se spécialiser dans la production dans laquelle ils ont un avantage absolu, c’est-à-dire dans celle où la quantité de travail nécessaire pour réaliser une unité du bien en question est la plus faible.

Ça a l’air compliqué tout ça ! Prenons un exemple pour que ce soit plus simple.

Comprendre Smith avec la pizza et la bouillabaisse

Au début, on a 2 pays, disons l’Italie et la France et leurs frontières sont fermées, c’est-à-dire qu’ils n’échangent pas encore. La France et l’Italie produisent chacun des pizzas, et des bouillabaisses (spécialité marseillaise…). Chaque pays a 2 travailleurs (1 pour chaque production).

Voici ce que l’on sait en 1 heure :

La France produit :

  • 5 bouillabaisses pour le travailleur 1
  • 2 pizzas pour le travailleur 2

L’Italie produit :

  • 1 bouillabaisse pour le travailleur 1
  • 10 pizzas pour le travailleur 2

La France a un avantage absolu dans les bouillabaisses car elle en produit plus (5) que l’Italie (1) en 1 heure.

A l’inverse,  l’Italie a un avantage absolu dans les pizzas car elle en produit plus (10) que la France (2) en 1 heure. Au final, avec les deux pays, en 1h de travail on a 6 bouillabaisses et 12 pizzas.

Maintenant, ouvrons les frontières et laissons les pays échanger.

L’ouverture des frontières dans la spécialisation du commerce international

La France va se spécialiser dans la production de bouillabaisses car elle a un avantage absolu (elle ne produira que des bouillabaisses) et, pour la même raison, l’Italie dans la production de pizzas (elle ne produira que des pizzas).

Voyons voir ce qu’il se passe maintenant avec la spécialisation :

La France produit en 1h :

  • 10 bouillabaisses (2 travailleurs qui en produisent 5 par heure)

L’Italie produit en 1h :

  • 20 pizzas (2 travailleurs qui en produisent 10 par heure)

Et au final, avec les deux pays, en 1h de travail on a 10 bouillabaisses (contre 6 avant) et 20 pizzas (contre 12 avant). Ainsi, grâce à la spécialisation, la production totale de chaque bien a augmenté ! La France pour avoir des pizzas devra les importer d’Italie, et l’Italie devra importer les bouillabaisses françaises. Adam Smith nous montre, de cette façon, que les pays ont intérêt à commercer à condition qu’ils se spécialisent dans le secteur où ils ont un avantage absolu ! Le libre-échange serait donc bénéfique pour tous, augmentant la richesse de chacun.

Mais réfléchissons deux secondes. Si un pays ne possède aucun avantage absolu par rapport à un autre, il ne peut ni se spécialiser ni profiter des avantages du commerce international non ? Selon Smith, la réponse est oui. Seuls ceux ayant un avantage absolu doivent se spécialiser et profiter du commerce international. Pourtant, quelques années plus tard, un économiste du nom de David Ricardo va compléter la théorie de Smith en montrant que les pays sans avantage absolu ont aussi intérêt à se spécialiser…

La théorie des avantages comparatifs

David Ricardo : un politicien anglais

David Ricardo est un économiste classique et homme politique anglais qui est l’auteur des Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817). Dans son œuvre, il montre que le commerce international est toujours source d’enrichissement pour l’ensemble des pays y participant, et ce même pour les pays qui n’ont aucun avantage absolu. Smith n’a qu’à bien se tenir ! Pour lui, un pays à intérêt à se spécialiser là où il a un avantage comparatif, c’est-à-dire dans la production où il est le plus efficace (le plus fort) ou le moins inefficace (le moins mauvais).

Encore une fois ça paraît compliqué… Donc reprenons notre exemple précédent en changeant quelques chiffres.

Le retour de la pizza et de la bouillabaisse avec Ricardo

On a toujours l’Italie et la France et leurs frontières sont pour l’instant fermées (ils n’échangent pas encore).

La France et l’Italie produisent toujours des pizzas, et des bouillabaisses. Chaque pays a 3 travailleurs qui travaillent chacun 1 heure.

Voici ce que l’on sait en 3 heures :

La France produit :

  • 12 bouillabaisses en 2 heures (donc 6 en 1 heure)
  • 5 pizzas en 1 heure

L’Italie produit :

  • 4 bouillabaisses en 2 heures (donc 2 en 1 heure)
  • 4 pizzas en 1 heure

La France a un avantage absolu dans les bouillabaisses car elle en produit plus (12) que l’Italie (4) en 3 heures. Mais elle a aussi un avantage absolu dans les pizzas (5 contre 4 pour l’Italie). Au final, avec les deux pays, en 3h de travail on a 16 bouillabaisses et 9 pizzas. Ici, selon Smith, la France n’aurait pas intérêt à participer au commerce international avec l’Italie dans la mesure où elle est plus productive pour les 2 biens. De même, l’Italie, n’ayant pas d’avantage absolu, n’aurait pas intérêt à se spécialiser ! Mais Ricardo va montrer que c’est faux…

Ouvrons les frontières et laissons les pays échanger pour voir ce qu’il se passe.

Une ouverture des frontières pour Ricardo

La France va se spécialiser dans la production de bouillabaisses car son avantage est le plus grand dans ce secteur (elle en produit 3 fois plus que l’Italie), et l’Italie va se spécialiser dans la production de pizzas car c’est là où elle est la moins mauvaise.

Voyons voir ce qu’il se passe maintenant avec la spécialisation :

La France produit en 3h :

  • 18 bouillabaisses (vu qu’elle en produit 6 par heure)

L’Italie produit en 3h :

  • 12 pizzas (vu qu’elle en produit 4 par heure)

Au final, avec les deux pays, en 3h de travail on a 18 bouillabaisses (contre 16 avant) et 12 pizzas (contre 9 avant). Ainsi, Ricardo a montré que même si un pays n’a pas d’avantage absolu, il peut se spécialiser là où son avantage comparatif est le plus grand (ou le moins mauvais), lui permettant de participer et de profiter des avantages du commerce international.

Bien que la théorie des avantages comparatifs ait élargi notre compréhension du commerce international, elle repose néanmoins sur des hypothèses simplifiées, telles que la considération de seulement deux pays et deux produits. De plus, tout comme la théorie d’Adam Smith, elle ne fournit pas d’explications sur la manière dont les avantages comparatifs peuvent apparaître ou disparaître au fil du temps.

Un autre point à considérer est que la théorie de l’avantage comparatif, et de l’avantage absolu, se concentre exclusivement sur le facteur travail, négligeant ainsi le facteur capital (machines, matières premières). Un oubli important lorsqu’on sait que le capital joue un rôle crucial dans la production.

C’est en réponse à ces limites qu’un nouveau modèle voit le jour : le modèle néoclassique (HOS).

Le Modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS)

Qui est qui dans la spécialisation du commerce international ?

Le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS) a été développé dans les années 1920 et 1940 par Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson. Il a permis d’enrichir la compréhension du commerce international en introduisant la notion de dotations factorielles (ou dotations en facteurs de production).

Avec ce modèle, ils ont montré que les différences de dotations initiales en facteurs de production entre les pays (capital et travail) sont à l’origine des avantages spécifiques de chaque nation et, par conséquent, des échanges internationaux. Ainsi, un pays riche en capital se spécialisera dans la production de biens intensifs en capital, tandis qu’un pays riche en travail se spécialisera dans la production de biens intensifs en travail.

Comprendre la notion par un exemple

On a deux pays (l’Allemagne et le Bangladesh), deux types de produits (voitures et t-shirts) et deux ressources de production (capital et travail).

Dans cet exemple, la production de voitures est intensivement liée au capital, tandis que la fabrication de t-shirts requiert une quantité significative de main-d’œuvre. L’Allemagne et le Bangladesh présentent des différences importantes en termes de ressources de production : l’Allemagne est riche en capital, alors que le Bangladesh dispose d’une abondance de main-d’œuvre. En situation de libre-échange, chaque pays va se spécialiser dans la production du bien qui exploite le facteur de production qu’il possède en abondance.

Ainsi, l’Allemagne se concentrera sur la fabrication de voitures, tirant parti de son abondance en capital, tandis que le Bangladesh se spécialisera dans la production de t-shirts, exploitant sa main-d’œuvre abondante. A travers ces 3 théories, on voit bien que la spécialisation est au fondement du commerce international puisqu’elle repose sur la complémentarité entre les pays. Elle explique donc comment, et pourquoi, des pays échangent des produits différents (la France échange avec l’Italie des bouillabaisses et des pizzas) : on parle alors de commerce interbranche. Or on observe que la majeure partie des échanges de biens entre les économies développées (comparables) concerne des biens quasiment identiques. La spécialisation n’explique donc pas à elle seule le commerce international, il y a autre chose…

Merci à Brandon et Marion de la chaîne TikTok Comprendre les SES pour leur super fiche !

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