Le conflit israélo-palestinien reste encore en cours et un des plus complexes de sa région. Les conflits dans le monde arabo-musulman reflètent une part importante de l’hétérogénéité des complications dans la région. Pour pouvoir appréhender ce conflit, voici quelques repères autour de la question israélo-palestinienne. Ce cours rentre dans la notion des conflits israélo-arabes au conflit israélo-palestinien du bac d’HGGSP à connaître.
Les racines européennes du problème : la naissance du sionisme
La question des nationalités en Europe :
Au 19e se développe la question des nationalités. A partir de la Révolution Française naissent des courants qui revendiquent le droit des nations à leur existence politique et leur indépendance. En effet, il existe de nombreux empires et certaines nations se sentent opprimés. Au contraire d’autres Etats se sentent nation et sont éclatés en de multiples états. Cette question a donc dominé l’histoire européenne au 19e siècle.
D’un côté une partie des peuples se soulève contre les oppresseurs et d’autres, nationalistes, veulent créer une nation. C’est le cas d’une Allemagne et d’une Italie. Pour le cas de l’Allemagne, les conflits, les tensions et les événements politiques génèrent en 1871 sa création. En 1919, le traité de Versailles marque l’effondrement de l’empire russe, ottoman et austro-hongrois. Cette dissolution va permettre la création de nombreux plus petits États qui revendiquent une nationalité.
La situation des Juifs en Europe avant le conflit israélo-palestinien
Or pour faire une nation, il faut une identité, une culture. Les Juifs ne sont en Europe pas représenté par un Etat et une nation. D’abord qui sont-ils ? C’est une notion qui se définit par la religion et l’origine ethnique. La présence des Juifs en Europe est profondément intégrée depuis l’Antiquité. Les Juifs ont été victimes de persécutions violentes car ils étaient des minorités dans les pays où ils habitaient, au moyen-âge notamment.
On les voyait comme le peuple qui a tué Dieu. On les accusait de porter une religion fausse à défaut du christianisme. Bien qu’ils devaient faire face aux pogromes, c’est-à-dire aux massacres des populations juives par les Orientaux, leur tendance s’améliorait dans l’occident. La situation des Juifs se complique donc à cette époque. Longtemps considérés comme intégrés, les Juifs rencontrent un double phénomène. Ils développent tout d’abord un nationalisme. Parallèlement, l’inquiétude de trouver une terre pour créer un État juif.
La création du mouvement sioniste avant le conflit israélo-palestinien
C’est ainsi que naît le mouvement sioniste en 1998. Théodore Herzele est considéré comme le fondateur. Ce mouvement prône le regroupement des Juifs en Palestine et la création d’un état. Parmi les Juifs d’Europe ce mouvement est très loin de faire l’unanimité, beaucoup ne veulent tout quitter pour un état désertique, lointain et à conquérir. Avec comme slogan « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », la Palestine était disponible pour les accueillir, mais depuis 70 après J.C., d’autres se sont installés sur cette terre, les palestiniens.
La première guerre mondiale comme détonateur
La stratégie de déstabilisation de l’empire ottoman par les Alliés
Durant la Première guerre mondiale, l’empire ottoman entre dans la guerre du côté des empires centraux, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Dans ce cadre, les Alliés établissent des stratégies pour les affaiblir et soulever les tribus et s’appuient sur la famille qui créent l’Arabie saoudite.
En 1917, une ministre des Affaires étrangères anglais, Lord Delfour promet aux juifs que si les Alliés gagnent la guerre, ils leurs donneront un foyer national juif, en l’occurrence la Palestine. Les Anglais peuvent donc s’appuyer sur le mouvement sioniste car cela leur fait un allié au cœur de l’empire ottoman. Ce qui crée un souci supplémentaire à l’intérieur des limites de l’empire.
Une promesse non tenue
Une fois la guerre terminée, les Anglais oublient leur promesse. D’ailleurs, comme des Juifs se sont installés en Palestine et attendent que les Anglais répondent à leur proposition, ils vont combattre les Anglais pour obtenir leur dû. Ils créent alors en 1920 une armée secrète – la Haganah, qui signifie défense en hébreu, et qui existera jusqu’à la naissance d’Israël en 1948. Cette stratégie est aussi appelé Irgoun (organisation), comme une branche de la Haganah, créée en 1931.
Or, ce mouvement ne parvient pas à chasser les Britanniques. Après la défaite, l’empire ottoman réside que dans la Turquie actuelle. Le reste a été donné aux grecs, à l’Arménie, un mandat aux français. L’Irak et la Palestine sont récupérés par les Anglais.
La seconde guerre mondiale comme amplificateur
La Seconde Guerre mondiale va ainsi jouer de deux manières sur la question de la Palestine. C’est surtout l’ampleur et l’atrocité du génocide des Juifs qui priment. D’abord, l’opinion public mondial est touchée et sensibilisée par ce problème et le fait que des juifs réclament une patrie devient difficile à refuser. Cela joue aussi sur le peu de Juifs qui ont réussi. Ils demeurent prêts à partir en Palestine en 1945. Peu à peu, de nombreux départs se font dont le départ du bateau exodus en 1947.
Ceci montre en réalité la forte demande de volonté des juifs et du refus des britanniques d’une impression de se faire déborder. Mais cet épisode va émouvoir le monde entier car ces personnes ont souffert et sortent des camps et ne peuvent même pas accoster la Palestine. D’autant plus que les populations vivent dans la famine, c’est un épisode frappant pour l’époque. Or, la guerre de la Haganah s’amplifie si bien que les Anglais vont finir par se désengager du problème.
La création d’Israël : prémices du conflit israélo-palestinien ?
Avant de parler d’un conflit israélo-palestinien, étudions les conflits israélo-arabes.
Le désengagement britannique
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni, devenu plus faible faible, renonce à son statut de puissance mondial. Elle se désengage des colonies, de la Grèce et de la Palestine. Le pays laisse alors la gestion de la situation à l’ONU.
L’attitude des Nations Unies est de proposer un partage de la région de Palestine en deux États – un État juif et un État arabe avec Jérusalem comme ville à statut international. Les deux États sont de superficies environ équivalentes mais il n’y a pas 100% de Juifs ou d’Arabes dans les états respectifs. En effet, au moment du partage, on compte 2/3 de Palestiniens et 1/3 de Juifs en Palestine. A contrario, l’État juif rencontre 600 000 Juifs pour 400 000 Arabes. Cela fait un équilibre 60/40% contre un équilibre 10/90% en Palestine.
Les plans de partage et leurs échecs
Ce plan est accepté par les dirigeants de la communauté juive mais rejeté par les dirigeants arabes qui sont soutenus par les États voisins et les pays de la ligue arabe. Pour eux, il n’y a pas de partage à faire, l’ensemble du territoire doit devenir un État arabe qui correspond à la majorité des habitants. Ils rejettent donc le plan de paix de l’ONU. Le côté israélien, en accord avec l’ONU et unilatéralement, décide de proclamer la naissance de l’état d’Israël le 14 mai 1948. Cela provoque la guerre.
Le début de la guerre
Le lendemain, le 15 mai, tous les pays voisins attaquent Israël, c’est la première guerre israélo-arabe. Les opérations militaires acharnées vont durer un an et Israël, non seulement ne faiblit pas, mais récupère un territoire plus grand. Le territoire arabe n’existe plus, une partie est annexée par Israël. La bande de Gaza est récupérée par l’Égypte et la Cisjordanie est rattachée à la Jordanie. Quant à Jérusalem, la ville est partagée, la partie Est est récupérée par la Jordanie et l’ouest par Israël.
Cette situation marque la naissance d’un nouvel état nation, l’embryon de ce dont rêvaient les sionistes, c’est-à-dire un État essentiellement peuplé de Juifs et qui cherche à en faire revenir le maximum. En effet, dès 1950 est adoptée la loi du retour qui inclut que tout Juif ayant fait la demande a automatiquement la nationalité israélienne. Le monde arabe n’a qu’un seul projet, celui qu’Israël disparaisse. Peu à peu, débouche toute une série de conflits.
Les conflits israélo-arabes
Cette série de conflits est longue et complexe. En voici la liste et le lien avec le conflit.
La crise de Suez
En 1956, lorsque la France et le Royaume-Uni décident d’intervenir contre Nasser, il ne faut pas oublier qu’Israël a été associé pour combattre contre l’Égypte.
La guerre des Six jours
1967, victoire d’Israël – le pays annexe Golan (pleins de ressources, notamment l’eau). Le Sinaï et la Cisjordanie sont repris à la Jordanie. Jérusalem Est et les Juifs déclarent que la ville est la capitale indivisible et éternelle du pays. Considérant que ses voisins préparaient une attaque, Israël attaque en prévention. Or, une guerre préventive est condamnée. Mais il y a aussi des raisons indirectes notamment sur l’eau et la distribution du Jourdin.
La guerre du Kippour
Les pays arabes attaquent (Égypte, Jordanie et Syrie) et profitent du nouvel an juif, la fête du Yom Kippour pour lancer une attaque surprise. Le pays est d’ailleurs débordé pendant quelques jours, c’est la première fois qu’Israël montre une vulnérabilité. Finalement, le pays se redresse et limite les dégâts. Mais pour la première fois les pays arabes voisins ne subissent pas une défaite écrasante et humiliante, c’est une sorte de paix des braves. Le successeur de Nasser négocie la paix et un armistice est signé.
La paix entre Israël et les pays arabes
Cette guerre sera suivie du déclenchement d’un processus de paix : le Golan est en partie restituer à la Syrie, le Sinaï à l’Égypte. C’est ainsi qu’ont lieu deux événements, la réconciliation avec l’Égypte et les accords de Camp David. Les États se réunissent sous la coupe du président américain Jimmy Quarter qui invite les dirigeants israéliens et égyptiens. En découle une réconciliation et plus tard, la diplomatie de Trump, en 2020, fait que des pays arabes ont rétabli leur relation avec Israël. La rue arabe, l’opinion publique reste opposée à Israël à cause de cette lutte.
Par la suite, les guerres se transformeront en conflit israélo-palestinien.
La question palestinienne à l’aube du conflit israélo-palestinien
Tous ces prémices doivent nécessairement être éclairés par la question palestinienne.
La naissance du problème israélo-palestien
Ce problème naît en 1948, au moment où le plan de partage est refusé et la guerre démarre. Les habitants palestiniens de la région n’ont pas d’autres choix. Ils peuvent vivre dans l’état juif qui vient de s’auto-proclamer. Ils peuvent aussi partir. Dès lors, environ 1 million de palestiniens quittent ce nouveau territoire et s’installent dans les pays alentours dans des camps de réfugiés construits en catastrophe.
Ainsi, il y a non seulement une existence précaire des camps mais aussi une déstabilisation de la région. En effet cette arrivée massive a basculé l’existence des pays voisins, notamment en Jordanie. Les réfugiés ne sont pas accueillis partout et des tensions se créent entre le pays d’accueil et les réfugiés. C’est le cas du septembre noir en 1970. Le roi de Jordanie donne l’ordre de rentrer dans les camps et massacrer massivement les Palestiniens.
La lutte des Palestiniens pour un État : une explication au conflit israélo-palestinien ?
Se crée alors un État dans l’État et un début de conflit israélo palestinien. Une résistance palestinienne arrive au cours des années 1960. Le Fatah dirigé par Y.Arafat est le mouvement le plus important des différents partis qui se construisent. Il prend la direction de l’organisation de la libération de la Palestine (OLP). Cet organisme créé en 1964 regroupe divers courants. Ce mouvement s’engage dans la lutte armée et le terrorisme contre Israël et donc pour attaquer les intérêts. Ils assassinent le premier ministre jordanien. On lui reprochait le septembre noir. Ils organisent également la prise d’otage des sportifs israéliens des JO de Munich en 1972. L’OLP est reçue à l’ONU en 1974 et Y. ARAFAT se présente « un revolver dans les mains et un rameau d’olivier devant vous ». Étant considéré comme le représentant des Palestiniens, cette action a donc un poids important.
Dans les terres récupérées, des Palestiniens y vivent et montent de violentes intifada. C’est un mouvement de jeunes civils qui s’en prennent à l’armée israélienne. On note également le phénomène des kamikazes dans les années 90. Dès lors, même s’ils n’ont pas de territoire, ils proclament en 1988 un état palestinien auto-proclamé avec des institutions et un conseil palestinien dont Arafat fut le président jusqu’à sa mort.
De multiples tentatives de dialogue sans lendemain
La fin de la Guerre Froide marque un moment d’espoir. Israël, toujours soutenu de manière inconditionnelle par les occidentaux et par les Américains, doit la paix. L’OLP de son côté se résout à une formule à deux États, un État juif et arabe. Les Palestiniens finissent donc par admettre que l’État d’Israël existe et peut continuer d’exister, ce qui est une grande nouveauté. Les conditions semblent présentes pour une solution au problème. La Palestine reconnaît le pacte de l’ONU de 1947.
De nombreux événements importants vont faire suite à cette évolution. On a par exemple l’ouverture d’une conférence de la paix à Madrid (proposé comme médiateur) en 1991. La conférence bute à l’origine sur de nombreux aspects, mais, plus tard en 1992, va reconnaitre Israël et l’OLP. Des négociations secrètes à Oslo aboutissent en 1993. On aboutit aux accords de Washington en 1993 sous les USA. C’est le moment de la célèbre photo emblématique entre Arafat, Clinton et le premier ministre Rabin qui débouche sur des décisions importantes comme l’idée de créer un territoire palestinien composé de la bande de Gaza et d’une partie de la Cisjordanie.
Le statut complexe des zones
Mais le statut est complexe entre les zones A, B et C. Certains territoires ne veulent être libérés par Israël. D’autres le sont par les deux et d’autres encore sont totalement confinés. Il n’y a toujours pas d’État reconnu mais au moins une administration, une police et une autorité palestinienne. Arafat et Rabin ont conjointement le prix Nobel de la paix en 1994. A cette époque, on parle même d’euphorie tant il y a d’espoir. Or durant les négociations d’Oslo, ils ont glissé les points clés du sort des réfugiés. Le conflit israélo-palestinien s’intensifie.
Sur la question des colonies juives aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie et qu’à Jérusalem, les juifs avaient organisé des camps et le statut de Jérusalem. Les géopoliticiens parlent de proto-état, mais encore optimiste car les Israéliens tiennent à la proposition d’autorité palestinienne. Un drapeau au nom de la Palestine va même être présent et participe aux événements comme aux JO. L’autorité apparaît d’ailleurs à l’UNESCO. Ainsi la Palestine n’est pas très loin d’être un état.
La dégradation de la paix dans le conflit israélo-palestinien
Or, le premier ministre Rabin est assassiné en 1995 par un extrémisme israélien. Le processus de paix commence déjà à se dégrader. De plus, les faucons arrivent au pouvoir en Israël, ce sont les partisans d’une politique dure dirigé par Sharon. Le feu est donc mis aux poudres et déclenche la seconde Intifada avec l’attaque des mosquées. En 2001, Sharon devient premier ministre, sa politique lutte contre les chefs palestiniens, ceux qui sont considérés comme des terroristes parmi les Palestiniens, mais il lutte aussi contre les chefs israéliens qui ont une tendance palestinienne. Dans cette affaire le Hamas a une particularité car c’est un mouvement islamique qui se réclame de la religion.
De l’autre côté, se voit peu à peu la séparation entre les territoires palestiniens et israélien. Cela se décline de deux manières, d’abord par l’évacuation de la bande de Gaza, c’est-à-dire par la fermeture des colonies juives à Gaza pour la laisser entièrement aux palestiniens, avec donc une séparation nette. De plus, la construction du mur, l’opération remparts commencé en 2002 qui fait le tour des territoires occupés afin d’arrêter les attentats kamikazes.
La politique de Sharon
Donc avec la politique de Sharon, on a un retour à une opposition stricte dans le conflit israélo-palestinien. Une coupure interne entre le Hamas et le Fatah est nette, non seulement politique mais aussi géographique : le Hamas a pris le pouvoir à Gaza, qui est devenu une forteresse et se radicalise. Donc la Palestine connaît deux pouvoirs concurrents qui ont leur assise géographique. On trouve deux entités distinctes : une qui est considérée comme extrémiste, la bête noire d’Israël à Gaza et l’autre, l’autorité palestinienne, reconnue comme modérée, au point d’être d’ailleurs accusée de collaborer avec Israël.
Il est important de mentionner et de ne pas oublier que la superficie de Gaza est faible mais surpeuplée et assiégée.
Conflit israélo-palestinien : où en est-on aujourd’hui ?
Le retour des attaques directes des dernières années a commencé à Jérusalem. Des manifestations sont nées. Le bilan de cette histoire fait que l’on ne peut guère être optimiste. Durant un moment, on ne parlait plus de la question du conflit israélo-palestinien et on pensait le problème réglé. Or finalement, cela ressurgit négativement et brutalement en 2021, créant une crise politique dramatique. Dès lors, quelle est l’attitude des grandes puissances ? De temps à autre, la Palestine et Israël font une irruption ponctuelle, mais le conflit n’est pas du tout réglé. Quels vont être les rapports de force à la sortie de ce conflit israélo-palestinien ? Quelles en sont les perspectives aujourd’hui en 2023 ?
Lou Chretien, rédactrice géopolitique